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APPEL AUX FEMMES
DE TOUS LES RANGS, DE TOUS LES ÂGES, DE TOUTES LES OPINIONS, DE TOUS LES PAYS.

Femmes,

Vous dont l’âme, le cœur, l’esprit, les sens, sont doués d’une impressionnabilité telle qu’à votre insu vous avez une larme pour toutes les douleurs, — un cri pour tous les gémissements, — un élan sublime pour toute action généreuse, — un dévouement pour toutes les souffrances, — une parole consolante pour tous les affligés ; — femmes, vous qui êtes dévorées du besoin d’aimer, d’agir, de vivre ; vous qui cherchez partout un but à cette brûlante et incessante activité de l’âme qui vous vivifie et vous mine, vous ronge, vous tue ; — femmes, resterez-vous silencieuses et toujours cachées, lorsque la classe la plus nombreuse et la plus utile, vos frères et vos sœurs les prolétaires, ceux qui travaillent, souffrent, pleurent et gémissent, viennent vous demander, les mains suppliantes, de les aider à sortir de la misère et de l’ignorance !

Femmes, L’UNION OUVRIÈRE a jeté les yeux sur vous. Elle a compris qu’elle ne pouvait pas avoir d’auxiliaires plus dévoués, plus intelligents, plus puissants. — Femmes, L’UNION OUVRIÈRE a droit à votre gratitude. C’est elle la première qui a reconnu en principe les droits de la femme. Aujourd’hui votre cause et la sienne deviennent donc communes. — Femmes de la classe riche, vous qui êtes instruites, intelligentes, qui jouissez du pouvoir que donnent l’éducation, le mérite, le rang, la fortune ; vous qui pouvez influencer les hommes dont vous êtes entourées, vos enfants, vos domestiques et les travailleurs vos subordonnés, prêtez votre puissante protection aux hommes qui n’ont pour eux que la force du nombre