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Si la société est mauvaise, tous les membres de la société en souffrent : et les oppresseurs ne sont pas moins malheureux que les opprimés.

Oh ! si le pauvre savait tout ce qu’il y a d’angoisses et de tortures sous les superbes habits du mauvais riche, il en aurait lui-même pitié !

Si les hommes sont mauvais c’est qu’ils ignorent encore le vrai bien, et que comme des enfants ils s’asservissent aux cupidités animales.

Il ne faut rêver d’autres violences contre les méchants que de les contenir comme on contient les malades que la fièvre rend furieux, ou de les guérir malgré eux, comme on fait aux pauvres insensés !

Sans doute qu’il faut s’unir pour résister au mal ; sans doute qu’il faut protester à toutes les heures et à tous les instants ; sans doute qu’il faut repousser la force injuste par la force de la justice.

Mais que ce ne soit pas pour nous venger de ceux qui nous oppriment. Songeons plutôt à les délivrer de leur tyrannie, qui n’est pas moins lourde pour eux que n’est pour nous l’esclavage qu’ils nous imposent !

Ne nous rallions pas au cri de : Mort aux tyrans ! Crions : Mort à la tyrannie ! et que tous hommes soient sauvés.

S’il faut combattre, que ce soit pour conqué-