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escarpé, et je vous briserai si vous vous heurtez à mes flancs…

— Le coursier hennit et accourt : il se plonge comme un glaive dans le flanc de la montagne qui gémit. Le hennissement terrible retentit et s’éloigne dans les entrailles de la terre où le dragon a disparu ; déjà un sifflement aigu l’annonce à d’autres campagnes ; la montagne qui l’a englouti sans pouvoir l’arrêter le revomit superbe et triomphant ; un palais magique, illuminé comme pour une fête, semble accourir au-devant de lui. Là, tout un peuple attend le passage ou le retour de la cité roulante ; le coursier métallique pousse un cri de joie et semble impatient de se reposer ; son souffle haletant s’épuise ; il s’arrête… Ce n’est plus qu’une machine de fonte et de cuivre, une masse lourde et sans vie que les chevaux les plus vigoureux ébranleraient à peine.

C’est par la foi qu’un simple prêtre a bâti un temple magnifique ! L’église de Saint-Sulpice, dont je vois les tours de ma fenêtre, me rappellent à chaque instant les miracles de la foi !

Et moi aussi j’ai cru, et alors j’ai fait bien plus que de déplacer des montagnes et de tirer l’eau du rocher stérile !

J’ai associé malgré lui un siècle égoïste à mon œuvre ; mon enthousiasme a triomphé de son in-