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lusion et qu’un éclair ; la machine terrible semble dévorer les maisons, les arbres, les coteaux, et les rejeter après elle, étourdis, tournoyants et mal assurés sur leur base… Hourah ! hourah ! crie l’industrie comme le fantôme de la ballade de Lénore. Mon coursier infernal va vite… Ah ! maintenant les fantômes sont vaincus en merveilles, et c’est pourquoi ils n’osent plus sortir la nuit, tant les prodiges de l’industrie les épouvantent… Voyez-vous, là-bas, sur les hauteurs, ce dragon noir et colossal qui arrive avec la rapidité de la foudre et qui vomit des flammes !… Mais ici les hauteurs sont tranchées à pic et un torrent roule dans la vallée profonde ; le monstre ne nous atteindra pas… Ô terreur ! il a passé sur le vide… Entendez-vous comme il souffle ? Le voici ! le voici ! Il traîne après lui dans l’air un nuage ardent comme un étendard infernal ; il jette au vent des milliers d’étincelles, et une sueur de feu s’échappe de ses flancs et laisse un reflet rouge sous ses pieds invisibles. Il est près de nous ! il passe en grondant comme la tempête ! Mais il est rapide comme l’éclair… Où est-il ? Nous avions rêvé, sans doute… Hourah ! hourah ! dit l’industrie.


— Non, arrêtez, répond la haute et antique montagne… Vous ne gravirez pas mon sommet