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comme un père sans miséricorde et sans entrailles.

Moi, au fond de mon cœur, je sens que vous ne dites pas vrai, car je connais mon père, et je ne crois pas en vous parce que je crois en lui.

L’amour croit tout, a dit le grand apôtre ; c’est-à-dire que l’amour, père de la liberté, ne s’étonne d’aucun sacrifice et ne connaît rien d’impossible.

Mais la peur, aussi, croit tout, et ne refuse la servitude tremblante de son âme à aucune absurdité.

Si vous ne me croyez pas, vous brûlerez éternellement, dit le prêtre.

Et moi, répond le paria, j’aimerais mieux un martyre éternel qu’une lâcheté d’un seul instant !

Sais-tu ce que c’est que la raison et la liberté de l’intelligence dont tu demandes le sacrifice ?

Sais-tu que la liberté ne peut se soumettre que librement, et qu’elle ne courbe jamais son front pour passer sous le joug de la peur ?

Ah ! tu veux m’intimider pour me faire tuer mon âme en la prostituant à la crainte !

Eh bien je te dis que je ne te croirai pas et que je défie ton enfer !

Ton Dieu, à ce qu’il paraît, ressemble à ces proconsuls de Rome qui, d’une main, montraient