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La Foi.


Il y a deux sortes de foi : la foi servile et la foi généreuse.

Jeune homme, tu dois nous croire : nous sommes des vieillards et les confidents de ton père. Il t’a déshérité et te bannit pour jamais de sa présence parce que tu l’as offensé.

— Si j’ai offensé mon noble père, c’est sans le savoir et sans le vouloir. J’irai embrasser ses genoux, je pleurerai sur sa main vénérable, et il pardonnera à son fils.

— Jeune homme, tu n’as pas en nous une confiance aveugle, et nous sommes les amis de ton père. C’est nous que tu as offensés, et, avant de le fléchir, il faut nous fléchir, car on ne parvient à lui que par nous.

— Vous êtes des vieillards, et je respecte votre âge ; mais vous déshonorez vos cheveux blancs par le mensonge et je me délie de vous. Si vous ne profériez que des paroles justes, sages et honorables pour mon père, je croirais en vous comme je crois en lui. Mais vous voulez le rendre solidaire de vos mauvaises passions et de votre susceptibilité chagrine. Vous me le représentez