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Mais on ne peut aimer Dieu sans aimer les hommes, car Dieu ne se manifeste à nous que dans l’humanité, et c’est dans l’humanité qu’il veut être aimé de nous.

Celui qui a le plus aimé les hommes a été un homme-Dieu ; car, en poussant l’abnégation de lui-même jusqu’à donner sa vie humaine, il est entré par l’amour dans une vie divine.

Celui qui aime l’humanité tout entière plus que lui-même est un enfant du Christ et un continuateur de son œuvre : c’est un enfant de l’homme-Dieu.

Celui qui aime un peuple plus que lui-même mérite de régner sur ce peuple, et c’est à cette marque seulement que l’avenir devra reconnaître ses rois légitimes.

Celui qui aime son ami plus que lui-même s’élève pour cet ami au-dessus de l’humanité ; il en est l’ange gardien et la providence visible.

Celui qui aime une femme plus que lui-même mérite d’être aimé d’elle et de posséder sa beauté, car il ne la tourmentera pas de ses exigences égoïstes et ne l’abandonnera jamais.

Il a été dit aux anciens : Vous aimerez le prochain comme vous-mêmes.

Eh bien, maintenant, si vous voulez que l’a-