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être dans l’éternité du mal, puisque le mal n’est qu’une ignorance et qu’une erreur !

Non, Dieu, après avoir donné la liberté aux esprits, ne peut jamais la reprendre, surtout au moment où elle s’égare, et en donnant aux anges et aux hommes cette part de sa divinité, il a bien prévu qu’elle sauverait enfin tout ce qu’elle perdrait d’abord, et que le mal causé par elle serait enfin détruit par elle !

La liberté d’élection entre le bien et le mal, c’est-à-dire entre la vérité et l’erreur, ne peut cesser que par l’adhésion libre et éternelle au bien et au vrai. La science seule exclut le doute ; le bonheur parfait exclut seul les inquiétudes du désir.

L’être fait pour le bien ne peut de lui-même se fixer pour jamais dans le mal, et supposer que Dieu profitera d’une chute de son enfant pour lui retirer sa main et refermer le précipice, c’est le plus abominable des blasphèmes.

Dieu permet les chutes et les erreurs de ses créatures pour instruire leur libre arbitre. Toute erreur produit un désordre, tout désordre une douleur, toute douleur une réaction et un repentir, et tout repentir un progrès.

Ainsi le pardon est dans la peine et le salut dans la réprobation.