Page:Tristan - L’émancipation de la femme, 1846.pdf/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34

sur vos autels palpitant et saignant, comme les sauvages suspendent dans les cases de leurs idoles la tête des ennemis qu’ils ont fait mourir.

Vous chantez gloire au Fils, et vous méprisez les pauvres que le Fils a glorifiés.

Vous chantez gloire au Saint-Esprit, et vous protestez avec acharnement contre les progrès de l’intelligence et l’expansion légitime de l’amour !

Dieu vous pardonnera sans doute, car vous ne savez ce que vous faites, mais nous ne vous écouterons pas, car vous ne savez ce que vous dites !

Le Père c’est le Dieu qui a sauvé un peuple opprimé de la tyrannie de Pharaon en soulevant la mer et en ébranlant les montagnes ! C’est le terrible révolutionnaire de Tanis qui châtiait les rois avec les dix fléaux comme avec des verges brûlantes, et qui donnait du pain à tout le peuple au milieu même du désert !… Mais maintenant, la manne tomberait du ciel que le peuple n’en mourrait pas moins de faim ; les propriétaires des champs diraient : Ce qui tombe sur nos terres est à nous ; les gouvernements diraient : Ce qui tombe sur les grands chemins est à nous, et ils exploiteraient entre eux la manne du ciel.

Père si tu ne veux plus nourrir tes enfants, est-ce que tu ne peux pas encore les sauver ? Ta main a-t-elle perdu de sa force en vieillissant, et