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seau : « Mon ami, je suis trop heureuse ; mon bonheur m’ennuie. »

Eh bien, non, vous dis-je, vous n’êtes pas heureuses, car vous n’êtes pas dans la vie pour laquelle Dieu vous a créées.

Vous êtes étiolées, étouffées, faussées, découragées, et vous vous résignez, c’est bien ; mais votre tâche reste à faire.

Le Christ a dit que le royaume des cieux souffre violence.

Il est facile de céder, il est facile de se taire, lorsqu’à ce prix on doit être tranquille et honorée.

Oh ! si vous saviez ce qu’il en coûte pour protester ; si votre faible cœur avait seulement rêvé cette lutte contre un monde où personne ne vous encourage et où tout vous écrase !

Vous vous demanderiez ce qu’il faut de courage pour affronter un pareil martyre !

Eh bien, moi je vous dis que le martyre est plein de félicités amères, mais immenses ; qu’il y a un triomphe dans la lutte, et que la paria ne changerait pas son sort contre celui de la plus enviée d’entre vous !