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J’ai été assassinée, parce que je protestais contre l’infamie, et la société m’a flétrie en condamnant à regret mon assassin.

Maintenant je ne suis plus une femme, je ne suis plus une mère, je suis la paria !

Eh bien, frères et sœurs ! quand j’aurai succombé dans la guerre contre vos oppresseurs, je vous laisserai ce livre d’épouvante pour eux, d’espérances et de conseils pour vous… et ils n’oseront pas le condamner.

Car je ne vous prêche pas la révolte. La révolte est le crime d’une poignée de séditieux. Un peuple ne se révolte jamais ; il se lève quand arrive son heure et n’a pas besoin qu’on le lui dise.

Je n’attaque pas la propriété, comme ils disent. Est-ce que je puis encourager les voleurs, moi qui les poursuivrais jusque sous la robe des juges ?

Je n’attaque pas la morale : je constate seulement que nos prétendus moralistes sont les plus immoraux des hommes. Je n’attaque pas la religion ; car c’est en son nom que j’élève la voix pour dénoncer l’égoïsme et le mensonge de ses ministres.

J’écris pour que vous sachiez ; je crie pour que vous entendiez ; je marche en avant pour que vous connaissiez la route !