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de ses convictions, je ne devais pas m’en constituer le juge. Je lui rends donc le dépôt qu’elle m’a confié ; c’est à son âme d’en répondre.

Elle a été mon amie selon l’esprit, et pendant un temps toutes ses croyances ont été les miennes. Pourquoi ai-je changé ? Demandez au temps pourquoi tout change. Flora n’a pas changé de la même manière ; mais elle est morte, ce qui est un changement bien plus complet et bien plus terrible.

Or voilà un fait qui me paraît protester invinciblement contre toutes les utopies de ceux qui rêvent la perfection sur la terre : la mort !

Supposez le phalanstère organisé et le monde en pleine harmonie ; alors, plus épouvantable que jamais, un spectre ricanant se dressera devant vous comme, une négation terrible : la mort.

Nous n’avons donc pas de repos à chercher ici-bas, puisque nous mourrons !

Notre patrie est donc ailleurs que sur la terre, puisque après quelques jours d’agitation et de lutte, nous nous en allons tous dans la mort !

Où est maintenant cette grande armée dont l’empereur était la tête et l’âme, et qui a ébranlé le monde sous ses pas !

On en cherche et l’on en trouve à peine encore quelques débris.