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elle a trouvé la mort, Flora, qui travaillait depuis longtemps à son ouvrage de l’émancipation de la femme, me remit ses notes dans une liasse de papiers presque indéchiffrable, et me chargea de mettre tout cela au net, et de lui renvoyer les autographes avec mes additions et mes remarques ; le paquet a été mis aux messageries pour Lyon avec son adresse. J’avais terminé la partie du travail que je publie, et je lui demandais la suite ; je fus un mois entier sans nouvelles, et un mois après j’appris que Flora était morte.

Dégoûté depuis longtemps des déceptions socialistes et politiques, j’avais alors résolu de ne plus rien publier sur ces matières si douteuses et si controversées. Entraîné par le charme de mes anciennes croyances, et ambitieux désormais de repos et d’oubli, j’ai hésité longtemps à publier un travail dont l’opinion pourrait peut-être me rendre responsable, et dans cette irrésolution j’avais essayé de l’arranger, de l’adoucir et de le mettre en harmonie avec mes convictions personnelles ; mais à travers tout cela un mécontentement intérieur me poursuivait, et j’en étais venu à comprendre les expiations des anciens pour apaiser les mânes. J’avais promis à Flora de recueillir et de publier ses dernières pensées, et, quel que soit mon éloignement pour telle ou telle