Page:Tristan - L’émancipation de la femme, 1846.pdf/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si belle dans son exil, au milieu du monde civilisé, que le démon victorieux parut plus heureux que les anges.

Elle sentait bien toutefois que la lutte n’était pas la condition éternelle de son existence ; l’unitéisme avait envahi cette belle nature comme la splendeur du soleil investit ceux qui montent au-dessus des nuages.

Jamais aspirations aussi ardentes vers la paix universelle ne firent palpiter un cœur de femme ; jamais rêves plus suaves d’angélique chasteté ne purifièrent un cœur ! Flora était une nature toute catholique, parce qu’elle était plus forte que tous les préjugés philosophiques. Née quelques siècles plus tôt, elle eût été sainte Thérèse, et, dans notre siècle de doute byronnien et de littérature satanique, elle ne fut jalouse de rivaliser avec Satan que pour le vaincre et le ramener à Dieu.

Née avec une ambition immense, elle légitima en quelque sorte cette passion en la dirigeant vers les véritables grandeurs ; si un instant elle rêva le Pérou et ses richesses fabuleuses, elle sentit bientôt que la supériorité de son intelligence lui permettait de créer elle-même des trésors inépuisables dont elle voulut doter la classe ouvrière.

Lors de son départ pour le tour de France, où