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Il est des existences dont l’histoire appartient aux annales de l’humanité, et je crois que celle-ci en est une. La personnalité de Flora s’était tellement exaltée dans la lutte qu’à ses yeux mêmes elle était passée à l’état de mythe, elle se croyait la femme-Messie ; après avoir lutté comme un démon, elle rêvait la transfiguration du martyre pour s’envoler au ciel sur les ailes d’un ange ; c’était la Médée antique, jalouse de notre moderne Mme Guyon et sûre de la surpasser.

Voici ce qu’écrivait sur elle, un an avant sa mort, celui de ses amis qu’elle a chargé depuis d’écrire son testament religieux et littéraire.

L’article a paru dans un recueil inachevé qui devait avoir pour titre : Les Messies contemporains.

« Voici une femme dont il ne faut pas parler, mais qu’il faut connaître si l’on veut admirer et frémir. Allez la voir : elle vous forcera d’être son ennemi mortel ou son séide ; trop au dessus du bien ou du mal que vous pourrez en penser, elle confondra toutes vos idées ; et quand vous croirez la saisir en flagrant délit des vagues noirceurs dont on l’accuse, elle vous échappera, grandiose, sublime et souriant de pitié. Alors, devenu enthousiaste, vous vous lancerez à perte de souffle pour la suivre ; elle se retournera alors dédai-