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chrétien et le grand mariage humanitaire par l’affranchissement moral de la femme.

Un homme dont le nom sert encore de risée aux prétendus sages parce qu’il vit encore, Ganneau, résume ces divers systèmes dans une magnifique orthodoxie ; il justifie l’affranchissement de la femme par le culte de l’amour et l’honneur qu’il rend au titre de mère. Pour lui, l’empereur Napoléon est un type messianique représentant le grand Caïn ou l’usurpateur, mais il le réconcilie avec le Christ, qui est le grand Abel, et de cette union de l’obéissance et de la force naît l’équilibre parfait des droits et des devoirs.

Après ces grandes figures de prophètes, qui représentent des idées d’ensemble, viennent des architectes qui donnent des plans pour les diverses parties de l’édifice social.

Cabet, homme de conviction et de persévérance, à qui sa probité tient lieu jusqu’à un certain point d’idées et de talents, donne dans son Icarie le plan d’une grande manufacture commune et quelques règlements d’ateliers qui peuvent avoir leur côté raisonnable et utile. Proud’hon, raisonneur d’une logique lourde, mais écrasante, prend la propriété, telle qu’on l’entend de nos jours dans des tenailles où il la broie. Son livre n’a pas été poursuivi par le parquet.