Page:Tristan - L’émancipation de la femme, 1846.pdf/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.
106

bourreaux réclament en faveur de ceux qu’ils torturent !

Pitoyable dérision !

Ah ! vous me flétrissez parce que je proteste ! Ah ! vous voulez étouffer ma voix !

Eh bien, je me tairai sur mes propres douleurs et sur celles des femmes mes sœurs en esclavage, et j’irai travailler à l’émancipation des hommes !

Vous avez voulu me rendre infâme, et moi je vous dis qu’à force de dévouement je rendrai ma vie sainte et ma mort glorieuse.

Et vous verrez après si l’émancipation de la femme est un fléau, et si j’étais digne de vivre plus honorée et plus heureuse !

J’ai écrit le livre de l’Union ouvrière et je l’emporte avec moi ; mais j’ai dicté celui-ci à un frère, et il le publiera si je meurs.

Je pars comme autrefois les apôtres du Christ ; je vais protester d’une manière éclatante contre le positivisme étroit de ceux qui enchaînent le dévouement.

Je serai folle, s’il le faut ! ce sont les fous qui ont sauvé le monde !