Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ſi enormes & deteſtables pechez à cauſe de l’abondance de toutes choſes qui viennent en leurs terres, qu'ils ne peuuent gouſter la ſaincteté du Chriſtianiſme : & Dieu d’autre coſté, comme dict le Sage, n’entre point en vn'ame vitieuſe, & n'habite point en des corps ſubiects à pechez. Au Royaume de Biſnaga, qui eſt de grande eſtenduë, nos Peres ont vne maiſon en la ville capitale de Chandegry, & ſont extrémement bien venus & honorez du Roy, qui ſe monſtre fort porté à ce qui concerne la foy. L'on attend de ces quartiers là vn tres-grand fruict. Ie pourrois enfiler icy beaucoup de choſes de tous ces pays, mais c’eſt aſſez que vous entendiez l'eſtat preſent de toutes les Indes. Si ie puis, les années ſuiuantes, vous en aurez de plus amples memoires. Ie viẽs maintënãt à traicter des parties qui ſont au Midy, où les affaires ſont merueilleuſement triſtes & deplorables. Nous appellons les parties Meridionales, celles de Malaca & de toutes les Moluques deſquelles il faut que ie vous recite trois particularités. La premiere eſt le ſiege & la bataille donnée à Malaca, la priſe d’Amboino, & en dernier lieu, la perte & le recouurement des Moluques ou de Ternate :