Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

violence des tempeſtes, ne ſoit non ſeulement tombé malade, ains encor qui plus eſt, n’ayt iamais reſſenty aucun mal de teſte, ny bondiſſement de cœur (maladies trop communes à ceux qui nauigent) : il eſt vray ſans point de doute, que nous pouuons beaucoup plus, que nous ne penſons, ie dy meſme ſelon les forces de la nature, leſquelles eſtant aidées & aſſiſtées du ſecours diuin, il n’y a rien que nous ne puiſſions en la vertu de celuy qui nous conforte. Nous partiſmes donc & cinglaſmes en haute mer, fauoriſez d’vn bon vent & proſpere, ſi biẽ qu’en peu de temps nous deſcouuriſmes l’Iſle de la Palme (en laquelle nos Peres qui paſſoyent au Braſil, gaignerent la palme du martyre, tant furent ils fortunez en ces Iſles fortunées) d’où vn vent cõtraire nous ſurprint, contre la violence duquel nous combatiſmes neuf iours tous entiers, iuſques à tant que nous approchaſmes de l’Iſle du Fer, renommée pour la liqueur qui diſtille d’vn certain arbre, laquelle les inſulaires boiuent, faute d’autre boiſſon, voire d’eau meſme, qui ſoit potable. De là nous voguaſmes fort heureuſement iuſques au 7. degré de l’Aequateur, d’où nous commẽçaſmes à ſentir les chaleurs intollerables, & la trop grande bonace, qui re-