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ACI. ACO. ACO.

Le vitriol est le plus grand des acides, ensuite le sel marin, & puis le salpêtre, le soufre, le vinaigre, & enfin l’alun. Tous les acides ont pour source les rayons du soleil incorporez avec l’alcali. Cet acide diffère de ce qu’on appelle au propre aigre ; parce que l’aigre ne se dit proprement que de la saveur ; au lieu que l’acide des Philosophes se dit de tout ce qui est corrosif, & qui pénètre, dissout, ou corrompt la substance des choses. Il est composé de petites parties aiguës qui s’insinuent dans les pores des corps qu’elles rencontrent, & en font la désunion, & la séparation. Les liqueurs acides rougissent la teinture du tournesol. Voyez l’effet des acides, pour le changement des couleurs & des saveurs, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, écrits par Mr Dodard ; ou dans le Traité de Mr Boyle, de la nature des couleurs. Voyez cy-après Alkali.

ACIDITÉ. s. f. Qualité aigre & piquante qu’on trouve dans tous les acides. Un peu de vitriol laisse dans l’eau une acidité agréable. Le vinaigre & le verjus ont des acidités différentes. L’acidité des câpres réveille l’appétit. On corrige l’acidité des limons par le sucre. Les alimens, qui par leur acidité, produisent une fermentation, causent la fièvre.

ACIER, s. m. Fer rafiné, purifié par l’art, & conduit à une plus parfaite mixtion, par la coction du feu, & par l’attraction d’une humidité convenable qui engraisse sa sécheresse naturelle, & le rend plus blanc & plus solide, avec un grain plus petit & plus fin. Acies, Chalybs. C’est celui de tous les métaux qui est susceptible d’une plus grande dureté, quand il est bien préparé. On le fait en le tenant dans un grand feu parmi des cornes de bœuf, & des charbons de saule, ou de hêtre, & en le plongeant dans des eaux ou décoctions astringentes & fort froides, après l’avoir coupé en plusieurs parties, & fait fondre plusieurs fois. Mr Felibien en compte de cinq sortes.

Le petit Acier commun, qu’on appelle Soret, Clamesy, ou Limosin, est le moindre en prix. On le vend par carreaux, ou billes. Le meilleur est celui qui est sans pailles, ni surchauffures, & qui paroît net, & d’un grain blanc & délié, quand on le casse. Mais s’il est plein de veines noires, ou de pailles, que l’on apperçoit aisément en le rompant ; ou s’il est surchauffé, c’est-à-dire, s’il a eu trop chaud, en sorte qu’il paroisse comme grillé & en petits grumeaux, il ne vaut rien.

L’Acier de Piémont est aussi en carreaux, plus gros que le clamesy. Pour le bien choisir, il faut prendre garde si les carreaux sont nets, sans pailles & sans surchauffures. S’il a des taches jaunâtres, c’est une marque qu’il est difficile à souder & à allier avec le fer. Il vient de Piémont deux sortes d'acier. L’un artificiel, & l’autre naturel. L’artificiel est le moins bon. Pourvu cependant qu’il soit bien trempé & affiné deux fois, il sert à acérer des marteaux, & autres outils propres à un travail de force & de violence.

L’acier qui vient d’Allemagne, est en petites bandes. On l’emploie à faire des épées, des ressorts, &c.

L’Acier de Carme, ou à la Rose, vient aussi d’Allemagne & de Hongrie. Il est bon à faire des ciseaux, des rasoirs, des instrumens de Chirurgie, &c. Ces deux sortes d’Acier d’Allemagne sont les meilleures dont on se serve en France.

L’Acier de grain, ou l’Acier de Motte, ou de Mondragon, est apporté d’Espagne par grosses masses. Quand il est bien choisi & bien affiné, il est propre à acérer des outils qui doivent être durs, & avec lesquels on travaille à des ouvrages pénibles, comme à couper le marbre.

L’acier de Damas, est celui qui vient de Damas en Syrie, qui a un grain si fin, qu’il coupe le fer sans être trempé. On dit que sa trempe se fait des impressions de l’air, lors qu’un cavalier courant à toute bride le tient à sa main, & en fait la roue dans l’air. On le trempe aussi sur un chamois mouillé, en passant le tranchant dessus, comme si on vouloit couper le chamois.

Une bille d’acier est une pièce d’acier qui a quatre ou cinq pouces de long, & deux ou trois lignes d’épaisseur. On envoie aussi de l’acier en barre, & d’autre en pains larges & plats, de différentes grandeurs & épaisseurs.

Acier, se dit poétiquement d’une épée. Un fin


acier lui fit voler la tête de dessus les épaules. En ce sens il ne s’employe qu’en poésie.

Ce mot, selon Ménage, vient de aciarium, dont les Italiens ont fait acciaro, & les Espagnols azcro, qui viennent tous du Latin acies, dont Pline s’est servi pour le mot de chalybs. D’autres disent qu’il a été aussi nommé ex iterata ustulatione, tanquam Assarium, ou Assatum. Papias dit que le mot aciare a signifié acier dans la basse Latinité. Les Latins l’appeloient chalybs, à cause de la trempe qu’ils lui donnoient dans un fleuve d’Espagne, appelé Chalybs ; ou à cause des Chalybes, peuples de Cappadoce, dont Virgile a dit : At Chalybes nudi ferrum, &c.

ACO.

ACOLALAN. s. m. Insecte de l’île de Madagascar. Il ressemble à une punaise. Il est plus gros.

ACOLYTHE. s. m. Terme Ecclésiastique. Acolytus. Les Grecs donnoient ce nom à ceux qui étoient inébranlables dans leurs résolutions. C’est par cette raison que les Stoïciens furent appelés Acoly bos ; parce que rien ne pouvoit leur arracher leurs sentimens. Ils trouvoient même qu’il y avoit de la lâcheté à en changer. Depuis, l’Eglise chrétienne a consacré ce nom, en l’appliquant à ceux qui se dévouent au service de Dieu. Anciennement les jeunes gens qui aspiroient au ministère ecclésiastique, accompagnoient & suivoient les Evêques par-tout, soit pour les servir, soit pour être les témoins de leur conduite. Cette assiduité à suivre les Evêques les fit appeler Acolytes. S. Cyprien dit lui-même, qu’il avoit des Acolytes. Aujourd’hui les fonctions des Acolytes sont bien différentes de la première institution. Un Acolyte est celui qui a seulement reçu le premier & le plus considérable des quatre Ordres Mineurs dans l’église ; dont l’emploi est d’allumer les cierges, de porter les chandeliers, la navette où est l’encens, de préparer le vin & l’eau pour le sacrifice, & de rendre d’autres services à l’autel. Le devoir des Acolytes est d’accompagner l’Evêque, ou le Prêtre, & de leur rendre service dans les fonctions ecclésiastiques. C’est l’ordre que les jeunes clercs exercent encore le plus.

Ce mot vient du Grec ἀϰολυθεῖν qui signifie, Suivre.

ACOMAS. s. m. Arbre qui croît dans les Antilles. Comme il devient fort gros & fort haut, il est très-propre à bâtir. Il porte un fruit extrèmement jaune, de la grosseur d’une olive, & d’une amertume très-désagréable.

ACONIT. s. m. Plante dont il y a plusieurs sortes, qui sont presque toutes venimeuses & mortelles. Aconitum. L’aconit à fleur bleue, qu’on appelle aussi Napellus, jette de sa racine, qui est noire, fibreuse, & de la grandeur d’un petit navet, beaucoup de tiges qüi sont de la hauteur de deux coudées, & même davantage, rondes, moëlleuses, & roides. Elles sont aussi environnées de quantité de feüilles disposées sans ordre & attachées à de longues queües canelées sur le dos. Ces feüilles sont d’un verd obscur, nerveuses, & divisées en cinq grandes decoupeures, qui font elles-mêmes encore divisées en d’autres decoupeures petites, étroites & profondes. Les fleurs sont au haut de la tige, semblables à un heaume, & attachées à des queuës longues d’un pouce. Elles sont composées de cinq feüilles, dont la superieure ressemble à un casque, les feüilles du milieu representent les oreillettes, & les inferieures tiennent la place de la mentoniere : ces fleurs sont de couleur bleuë. Sa semence est noire & ridée. C’est un des plus violens & des plus prompts poisons qu’il y ait ; il tue les hommes, & les autres animaux en fort peu de temps, & leur cause des accidens très-cruels.

Outre cet aconit, il y en a un qu’on appelle, λυκοκτόνον, ou Κυοκτόνον, en français tue-loup, étrangle-loup, pattelouvine, & tuë-chien. Il y en a un autre qu’on appelle παρδαλιασχίζ, parce qu’il étrangle les Panthères, & les Léopards. Celui-ci est d’un autre genre. Il y en a encore d’autres, parmi lesquels il s’en trouve un qu’on appelle aconit salutaire, ou Anthora, parce qu’on le croit bon contre la racine de Thora qui est un poison mortel ; on le croit bon aussi contre les autres poisons, & contre la peste. Plusieurs cependant le tiennent suspect, & ne conseillent pas de s’en servir, surtout puis qu’il y a tant d’autres remedes asseurez, & celui-ci étant d’ailleurs un purgatif assez fort. Le poison de l’aconit est principalement dans sa racine.

On dit que son nom vient d’acone, ville de Bithynie, aux environs de laquelle il croît en abondance, quoique pourtant il croisse par-tout ailleurs, & surtout dans les montagnes de Trente. D’autres disent que ce nom vient d’ἀκόνη qui signifie chez les Grecs un rocher dénué de terre où l’aconit croît volontiers. Ou l’appelle aussi μυοκτονος, parce qu’il tue les rats par sa seule odeur, comme dit Pline. Les Poëtes feignent que cette herbe a été engendrée de l’écume que le chien Cerbère jeta, lorsque Hercule le tira des enfers par force : ce qui fait qu’on en trouve quantité auprès d’Héraclée de Pont, où est la caverne par où Hercule descendit. Les Anciens n’ont pas laissé de le faire servir de médecine contre la piqûre du scorpion, lequel s’amortit dès-lors qu’il touche l’aconit ; & qui au contraire en touchant l’ellébore reprend sa première vigueur, L’Aconit ne fait pas mourir, quand il trouve quelque autre poison dans le corps, parce qu’alors il le combat. La marque de ce poison est de faire venir les larmes aux yeux, de causer une grande pesanteur d’estomac, & de faire enfler le corps. Théophraste dit qu’on le prépare, ensorte qu’il fait mourir seulement au bout d’un an ou de deux. Les flèches trempées dans son jus font des plaies mortelles.

ACONTIAS. s. masc. Espèce de serpent, qui a un peu plus d’un pouce de grosseur. Il est long de trois pieds. Sa tête est fort grosse & cendrée. Le reste du corps est d’une couleur fort obscure, excepté le ventre qui ne l’est pas tout-à-fait tant. Quelques-uns l’appellent Cenchrias, à cause qu’il tire sur la couleur du millet. Il y en a beaucoup en Calabre & en Sicile, où on l’appelle Saettone, parce qu’il s’élance sur un homme comme un trait. C’est pourquoi on l’appelle aussi Javelot : & c’est la même raison qui l’a fait nommer par les Grecs Acontias, du mot ἀκόντιον, qui signifie flèche, trait, javelot. Lucain, en parlant de cette sorte de serpens, les appelle volucres jaculos.

ACORUS. s. m. Terme de botanique. C’est une plante que les Apothicaires appellent Calamus odoratus ; parce qu’ils 1’employent à la place du calamus, qui est fare. Cet acorus est appellé le vrai acorus, pour le distinguer d’une autre plante, qu’on appelle le faux acorus, qui est une espèce d’Iris que les Botanistes appellént Iris Palustris lutea, parce que ses fleurs sont jaunes. L’acorus a ses feüilles & ses racines semblables à la flambe ; mais plus étroites & plus longues : elles font odorantes, & picquantes au goüt. Fuchsius & Brassavolus le confondent avec la galenga ; mais Matthiole combat leur opinion.

ACOTER. v. act. Appuyer en mettant quelque chose à côté d’une autre qui la soutienne. Fulcire, Sufsinere, Il faut acoter ce coquemart, de peur qu’il ne tombe. Il faut s’acoter contre la muraille, quand on n’a point de sieges.

Acoté, ée. part. pass. & adj. Fultus, nixus.

ACOTOIR. s. m. Ce qui sert d’appuy, de soutien à quelque chose. Fultura, fulmentum. Je suis si las, que je cherche un accotoir. Il est bas, hors de la conversation. En particulier, c’est un morceau de bois plat, attaché dans les confessionnaux, ou dans les chaises à porteurs, pour servir d’appui.

ACOTEPOT. s. m. Petite pièce de fer, courbée en demi-cercle, qu’on met au pied d’un pot, ou d’un coquemar, pour empêcher qu’il ne tombe. Fulcrum. D’autres disent Appuiepot.

ACOUSTIQUE. adj. Terme de Médecine qui se dit des médicamens propres pour remédier aux incommodités de l’ouie. Ἀκοὴ, est un mot Grec, qui signifie, ouie.

Acoustique, se dit aussi du nerf qui va s’insérer dans l’oreille, qu’on appelle nerf Acoustique & du conduit externe de l’oreille, qui se nomme, le conduit acoustique.

ACOUTI. s. m. Petit animal des îles de l’A-


mérique.
C iij donnoient