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PREFACE.

A SON ALTESSE SERENISSIME

MONSEIGNEUR
LOUIS-AUGUSTE
PRINCE SOUVERAIN DE DOMBES,
SUR
SON IMPRIMERIE DE TREVOUX.



PRINCE, qui de nos jours en faveur des beaux Arts
Allez renouveller la grandeur des Cesars,
L’on ne nous dira plus que le siecle d’Auguste,
Fut du sort des Sçavans l’arbitre le plus juste ;
Que des Lettres alors connoissant mieux le prix,
On sçut mieux distinguer les plus rares esprits ;
Que l’Art de bien parler luy dut son origine ;
Que toutes les beautez de la Langue Latine,
Donnerent tant d’éclat à d’éloquens discours,
Qu’elle égala la Greque & n’eut pas moins de cours.
On vit en ce temps-là d’excellens Personnages.
Enrichir le Public de leurs doctes Ouvrages,
Et Rome l’emporter sur de fameux Auteurs,
Dont tant de sages Grecs estoient Admirateurs.
Gallus, Properce, Horace, & Tibulle & Virgile,
En ce siecle poli fleurirent entre mille.
Auguste devenu Maistre de l’Univers,
Se vid jusques au Ciel élevé par leurs Vers ;
Et plus loin des Romains étendant le Domaine,
Se vid encor plus grand par les soins de Mecene,
Qui fidele Ministre, en suivant ses projets
Fit de tous les Sçavans ses plus dignes sujets.
Ce sont ces heureux temps que nous voyons renaistre,
Depuis que nous avons Louis le Grand pour Maistre.
Ce Prince magnifique autant que genereux,
Des Auteurs de son temps a rempli tous les vœux ;
Des plus rares esprits a réveillé l’étude,
Depuis que nostre Langue est hors de servitude.
Son Regne glorieux a produit mille Auteurs :
Sçavans Physiciens, éloquents Orateurs ;
Graves Historiens, ingenieux Poëtes :
Des Oracles des Loix celebres Interpretes,
Architectes, Sculpteurs, habiles Artisans,
Graveurs, Peintres en foule & sages Courtisans,
Ont fourni des sujets à nos Academies :
Cent Villes d’Apollon & des Muses amies


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