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ACI ACO


ris, On les appelle ainsi, dit Hofman, parce que leurs eaux sont un peu acides ; le même Auteur les appelle aussi fontaines vineuses. Fontes vinosi.

ACIDULER, v. act. Terme de Médecine. Ce mot n’est guère en usage : il signifie, mettre des sucs acides dans quelque chose. Jus acidum infundere, succo acido perfundere.

Acidulé, ée, part. Il est plus en usage que son verbe. On dit, il faut donner à ce malade des bouillons médiocrement acidulés ; c’est-à-dire, dans lesquels on aura mis un peu de verjus, ou un peu de jus de citron, Acido succo perfusus, tinctus, mistus.

ACIER, s. m. Fer rafiné, purifié par l’art, & conduit à une plus parfaite mixtion, par la coction du feu, & par l’attraction d’une humidité convenable qui engraisse sa sécheresse naturelle, & le rend plus blanc & plus solide, avec un grain plus petit & plus fin. Acies, Chalybs. C’est celui de tous les métaux qui est susceptible d’une plus grande dureté, quand il est bien préparé. On le fait en le tenant dans un grand feu parmi des cornes de bœuf, & des charbons de saule, ou de hêtre, & en le plongeant dans des eaux ou décoctions astringentes & fort froides, après l’avoir coupé en plusieurs parties, & fait fondre plusieurs fois. On fait l’acier de deux façons, par la fonte, ou par la cémentation. Voyez ces mots. M. Felibien en compte de cinq forces. Il y a un acier naturel, & qui en a toutes les qualités en sortant de la mine. On peut voir dans le Mercure de Septembre 1736, la description d’une mine d’acier trouvée près de Strasbourg en Alsace.

Le petit Acier commun, qu’on appelle Soret, Clamecy, ou Limosin, est le moindre de tous, & le moins cher. On le vend par carreaux, ou billes. Le meilleur est celui qui est sans pailles, ni surchauffures, & qui paroit net, & d’un grain blanc & délié, quand on le casse. Mais s’il est plein de veines noires, ou de pailles, que l’on apperçoit aisément en le rompant ; ou s’il est surchauffé, c’est-à-dire, s’il a eu trop chaud, en sorte qu’il paroisse comme grillé & en petits grumeaux, il ne vaut rien.

L’Acier de Piémont est aussi en carreaux, plus gros que le clamecy. Pour le bien choisir, il faut prendre garde si les carreaux sont nets, sans pailles & sans surchauffures. S’il a des taches jaunâtres, c’est une marque qu’il est difficile à souder & à allier avec le fer. Il vient de Piémont deux sortes d'acier. L’un artificiel, & l’autre naturel. L’artificiel est le moins bon. Pourvu cependant qu’il soit bien trempé & affiné deux fois, il sert à acérer des marteaux, & autres outils propres à un travail de force & de violence.

L’acier qui vient d’Allemagne, est en petites bandes. On l’emploie à faire des épées, des ressorts, &c.

L’Acier de Carme, ou à la Rose, vient aussi d’Allemagne & de Hongrie. Il est bon à faire des ciseaux, des rasoirs, des instrumens de Chirurgie, &c. Ces deux sortes d’Acier d’Allemagne sont les meilleures dont on se serve en France.

L’Acier de grain, ou l’Acier de Motte, ou de Mondragon, est apporté d’Espagne par grosses masses. Quand il est bien choisi & bien affiné, il est propre à acérer des outils qui doivent être durs, & avec lesquels on travaille à des ouvrages pénibles, comme à couper le marbre.

L’acier de Damas, est celui qui vient de Damas en Syrie, qui a un grain si fin, qu’il coupe le fer sans être trempé. On dit qu’un Cavalier qui le tient à la main, & qui fait le moulinet en courant, lui donne la trempe par la seule impression de l’air. On le trempe aussi sur un chamois mouillé, en passant le tranchant dessus, comme si on vouloit couper le chamois.

Acier tiré. Terme d’Horlogerie. C’est une verge d’acier passée par une filière cannelée, qui la rend propre à faire des pignons de différens membres, suivant la filière par où il a passé. Traité de l’Horlogerie par Thiout.

Une bille d’acier est une pièce d’acier qui a quatre ou cinq pouces de long, & deux ou trois lignes d’épaisseur. On envoie aussi de l’acier en barre, & d’autre en pains larges & plats, de différentes grandeurs & épaisseurs. Il n’y a point d’acier en Barbarie ; celui qu’ils emploient, est fait de fer qu’ils étendent en de longues verges, & qu’ils mettent dans des tinettes de terre, où ils lui donnent la trempe avec de l’eau, du sable & des herbes ; puis le font recuire, afin qu’il soit dur comme de l’acier : mais il n’est pas si bon que celui qu’on leur porte d’Europe. Marmol.

Acier, se dit poétiquement d’une épée. Un fin acier lui fit voler la tête de dessus les épaules. On l’a dit de même d’une lancette, dans une belle Ode sur le quinquina.

Le monstre, disoit-on, ne sauroit s’appaiser,
Qu’en recevant toujours de sanglans sacrifices.
Sous l’acier subtil & tranchant,
Le sang à grand flots s’épanchant,


Ne laissoit plus d’esprits dans ces canaux arides.
Il fallait s’immoler afin de se guérir,
Et par des conseils homicides,
Pour vivre se faire mourir.

On le dira de même de tout instrument d’acier, sur-tout de ceux qui sont propres à couper & à trancher ; mais en ce sens il ne s’emploie qu’en poësie.

J’ai vu des têtes couronnées,
Par leurs propres Sujets à la mort condamnées,
Tomber sous l’acier d’un bourreau.

Regn. Desmar.

Ce mot, selon Ménage, vient de aciarium, dont les Italiens ont fait acciaro, & les Espagnols azcro, qui viennent tous du Latin acies, dont Pline s’est servi pour le mot de chalybs. D’autres disent qu’il a été aussi nommé ex iterata ustulatione, tanquam Assarium, ou Assatum. Papias dit que le mot aciare a signifié acier dans la basse Latinité. Les Latins l’appeloient chalybs, à cause de la trempe qu’ils lui donnoient dans un fleuve d’Espagne, appelé Chalybs ; ou à cause des Chalybes, peuples de Cappadoce, dont Virgile a dit:At Chalybes nudi ferrum, &c. Festus dit que les haches d’airain, dont on se servoit dans les sacrifices, s’appeloient Aciers. Acieris, securis ærea, &c.

ACO.

ACŒMÈTE, s. m. Prononcez Acémète. Acœmetus. Qui ne se couche point ni jour, ni nuit. Ce mot est Grec, ἀϰόιμητος, formé de l’α privatif, & de ϰοιμάω, Je suis couché, je dors dans un lit. Ce nom fut donné par les Grecs à certains Moines, non pas qu’ils ne dormissent jamais, mais parce que jour & nuit, sans interruption, ils chantoient l’office divin dans leurs églises, se partageant pour cela en trois bandes ou parties, dont l’une venoit relever l’autre, & commencer le même office quand la première l’avoit fini. Ainsi, par exemple, quand les premiers avoient fini Matines, les seconds venoient les commencer ; ils étoient ensuite relevés par les troisièmes, qui chantoient aussi Matines à leur tour. Quand ils avoient fini, les premiers revenoient chanter Prime, & ainsi du reste; en sorte que jour & nuit, les exercices pieux ne discontinuoient point dans leurs églises. Ainsi ce qui est dit dans la vie de S. Jean Calybite, imprimée par Lipoman, qu’ils furent appelés Acœmètes, parce qu’ils ne se couchoient jamais, ou qu’ils ne prenoient que très peu de sommeil, chantant toujours les louanges de Dieu, comme l’ont cru Canisius & Ferrarius dans le catalogue des Saints d’Italie, n’est pas vrai. L’instituteur des Acœmètes fut, si l’on en croit Nicéphore, l. i, v. c. 23, un Marcellus, que quelques Auteurs modernes appellent Marcellus d’Apamée, quoique Nicéphore ne lui donne point ce surnom en cet endroit-là, qu’il n’en dise rien au Liv. XII. Ch. 27, où il parle de Marcellus d’Apamée, & que Marcel d’Apamée vécût 50 ans ou plus, avant qu’il y eût des Acœmètes. On trouve dans Bollandus au 15 de Janvier la vie de S. Alexandre, fondateur des Acœmètes, inconnus avant lui, dit l’Auteur qui étoit disciple de ce Saint, & témoin oculaire de ce qu’il écrit. Ce Saint vivoit, selon Bollandus, vers l’an 430. Le premier Monastère d’Acœmètes fut bâti par ce Saint sur les bords de l’Euphrate. Pendant sa vie, ses disciples en érigèrent plusieurs semblables en différens lieux:lui-même en alla établir un à Constantinople, qui après la mort du Saint fut transféré à Bithynie, par Jean son successeur. A Jean succéda Marcellus, que Nicéphore a cru être l’Instituteur des Acœmètes. Sous ce Marcellus ce pieux institut s’étendit beaucoup, dit Bollandus; & c’est là apparemment ce qui a fait que Nicéphore l’en a cru fondateur. Ce fut de son temps que Studius vint de Rome à Constantinople, y bâtir un Monastère, & y mit des Moines, qu’il tira des Monastères Acœmètes. Ce fut là l’origine des Studites, qui conséquemment viennent des Acœmètes. Saint Jean Calybite se retira dans un Monastère d’Acœmètes, & non pas d’Aromètes, comme le dit la Saussaye dans le Martyrologe de France. Quoique les Acœmètes aient fleuri sur-tout en Orient, il y en a cependant eu quelques-uns en Occident. Le P. le Cointe prétend, à l’endroit que je citerai, qu’il n’y a eu


que