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appelle Abnaquiois, avoue néanmoins qu’on les appelle aussi souvent Abnaquis.

ABNÉGATION, s. f. Terme de dévotion. Renonciation à ses passions, à ses plaisirs, à ses intérêts. Abnegatio. L’abnégation de soi-même est nécessaire pour la perfection Chrétienne. Il n’est guère en usage que dans cette phrase, & pour signifier un renoncement de soi-même, & un détachement de tout ce qui n’a point de rapport à Dieu. L’abnégation & la haine de soi-même recommandées dans l’Evangile, ne sont pas une haine absolue de nous-mêmes, mais de notre corruption. Fenel. La pauvreté religieuse renferme une abnégation & un renoncement sincère à tout ce qui n’est point Dieu, & qui ne peut contribuer ni à sa gloire ni à son service. Ab. d. l. Tr. Vivre dans une sincère abnégation. Id. Ce terme vient du Latin abnegare, qui signifie désavouer, ne vouloir point reconnoître une chose comme sienne.

ABO.

ABOI, subst. mas. On disoit autrefois abay. Le cri d’un chien. Latratus. Ce mot est factice & formé sur le son des chiens qui crient, ou abboient. L’aboi des chiens fait connoître le lieu où est le gibier. L’aboi des mâtins est leur cri, quand ils sentent le loup, ou quelque chose d’étrange autour de la maison. Au premier aboi que fait le limier, le loup sort de son liteau. Salm.

On dit proverbialement, Tenir quelqu’un en Aboi, pour dire repaître de vaines esperances.

Aboi, se dit aussi de l’extrémité où est réduit le cerf sur ses fins ; car alors on dit qu’il est aux abois, qu’il ne peut plus courir, qu’il manque de force & de courage. Ultima cervi deficientis necessitas. On ne s’en sert dans ce sens qu’au pluriel.

Aboi, se dit figurément de l’homme, & signifie l’agonie, ou la dernière extrémité. Il est réduit aux abois ; c’est-à-dire, il se meurt. Animam agere, expirare. On dit aussi qu’une place est aux abois, lorsqu’elle ne peut plus tenir, & qu’elle est sur le point de se rendre ; qu’un procès est aux abois, quand il est presque jugé ou perdu ; qu’une fidélité est aux abois, lorsqu’elle est presque vaincue, & qu’elle est prête à succomber. Extremæ, summæ angustiæ. On y voit tous les jours l’innocence aux abois. Boil.

ABOIEMENT, s. m. Le cri du chien. Latratus. Les longs & affreux aboiemens des chiens ont troublé mon sommeil.

ABOILAGE, s. m. Vieux mot qui se trouve encore dans quelques Coutumes, & qui signifie un droit du Seigneur sur les abeilles qui se trouvent dans les forêts de leurs Châtellenies. Il a été formé d’aboilles, qu’on disoit autrefois pour abeilles. Ménag.

ABOILE, s. f. Vieux mot qui veut dire une Abeille. Apis.

ABOKELLE. s. f. Terme de Négociant en Egypte & de Relation. C’est le nom que les Arabes donnent à une monnoie de Hollande. Elle vaut moins que la piastre, & les Arabes la nomment ainsi, à cause d’une figure de lion qu’elle porte. Cependant au lieu de lui donner le nom de lion, ils lui donnent celui de kelb, qui signifie chien, soit par mépris pour les Chrétiens, soit pour marquer son bas alloi. Herb. Ce nom vient de אנ, ab, Pere, & kelb, qui est la même chose que l’Hébreu הלנ Chaleb, qui veut dire chien. C’est un Arabisme. Les Arabes disent aba, Pere, au régime de tout ce qui a, qui posséde quelque chose, dans le même sens que les Hébreux disent נן fils. Ainsi aboukelb est une monnoie, qui a un chien gravé, qui est marquée d’un chien. Car proprement il faudroit dire aboukelb, mais on dit vulgairement en Egypte abokelle.

ABOLIR, v. act. Mettre quelque chose hors d’usage, l’abroger, l’annuller. Abolere, abrogare, refigere. Le Magistrat a aboli cette méchante coutume. Le Roi a aboli une telle Loi, une telle procédure ; il a entièrement aboli les duels. Il signifie encore, Détruire, anéantir. Le temps a aboli les plus beaux Monumens de l’antiquité. Il n’y a que le Roi qui puisse abolir un crime ; c’est-à-dire, absoudre le coupable, & l’exempter du châtiment. On dit aussi abolir, ou effacer la mémoire & le souvenir des choses passées. Oblitterare memoriam. Abolir, ou bannir la superstition. Superstitionem tollere. Abolir ou révoquer les impôts. Le temps qui consume tout, abolit tous les jours les noms & les titres qui sont gravés sur ces magnifiques monumens. Bouh. Ce mot vient du Latin abolere, ita extinguere & delere, ut ne oleat quidem.


Abolir, se dit aussi avec les pronoms personnels. Les Mandats Apostoliques se sont abolis par un non usage. Il ne faut pas souffrir que les bonnes coutumes s’abolissent.

Aboli, ie, part. pass. & adj. Abolitus, abrogatus. Loi abolie, Crime aboli.

ABOLISSEMENT, s. m. Abrogation, extinction. Abolitio legis. L’abolissement, ou l’abrogation des Loix se fait par l’établissement des nouvelles. L’abolissement des coutumes arrive par le temps, & par le non usage. L’abolissement des cérémonies Judaiques a été l’effet de la Prédication de l’Évangile.

ABOLITION, s. f. Terme de Chancellerie. Abolitio criminis. Lettres de pardon du Prince, par lesquelles il abolit entièrement un crime qui n’est pas remissible par les Ordonnances, sans même qu’on soit tenu d’en expliquer les circonstances, & de les rendre conformes aux informations, ainsi qu’il est requis aux Lettres de grace, qui ne s’accordent que pour les cas remissibles. Absolutoriæ litteræ. Les Lettres d’abolition doivent contenir cette clause : En quelque sorte & manière que le cas puisse être arrivé. Celui qui obtient l’abolition de son crime se met au nombre des innocens, & reprend son premier rang, Liv. III. ff. de accusat. De Roch. Quoique la parole d’un Roi soit un fondement inébranlable ? néanmoins en matière de crime de Lèze-Majesté, il faut toujours faire entériner les Lettres d’abolition au Parlement. Matthieu, en la vie de Henri IV. Liv. V. De Roch. L’amnistie est une abolition générale de tout ce qui s’est commis durant la Guerre Civile. Un vrai acte de contrition emporte l’abolition de tous les péchés : en ce cas il signifie Absolution. Les Lettres d’abolition pour les Gentilshommes, sont adressées aux Parlemens ; & pour les Roturiers aux Baillifs, Sénéchaux, ou à leur défaut aux autres Juges ressortissans nuement aux Parlemens, pourvû, suivant la Déclaration de 1681. que les crimes aient été commis dans leur ressort. Le Roi n’accorde point de Lettres d’abolition pour les duels, les assassinats prémédités, le crime de rapt commis par violence. Ordonnance de 1670. Tit. XVI.

Abolition, signifie aussi la destruction d’une Loi, d’une Coutume. On a eu bien de la peine à faire une entière abolition des superstitions Payennes. L’entière abolition de l’Ordre des Templiers.

ABOMASUS. C’est l’un des estomacs des animaux qui ruminent. On en compte quatre. Venter, Reticulum, Omasus & Abomasus. Harris Ce mot est latin, & vient d’Omasus, ou Omasum, qui se trouve dans Pline.

ABOMINABLE. adj. m. & f. Horrible, détestable, exécrable. Abominandus, detestandus. Le repas d’Atrée & de Thyeste fut un repas abominable. Néron étoit un monstre abominable, L’hérésie d’Arius étoit abominable. Le parricide est un crime abominable. Il se dit par exagération de tout ce qui est très-mauvais. Une phrase abominable, une musique abominable.

ABOMINABLEMENT. adv. Exécrablement, horriblement. Abominandum, detestandum in modum. Il en a usé avec lui abominablement ; c’est-à-dire, d’une manière détestable : & par exagération, il écrit abominablement.

ABOMINATION. s. f. Horreur, exécration. Abominanda, detestanda res. L’Eglise a cette opinion en abomination. Le Seigneur a en abomination les sanguinaires. Saen. Ce scélérat est en abomination à tous les gens de bien. Ce mot signifie aussi la chose, ou la personne même abominable. Ce brigand commet tous les jours mille abominations. Il est l’abomination de tous les gens de bien.

ABOMINER. v. a. Vieux mot qui n’est plus en usage. Avoir en horreur. Abominari, execrari.

Ces mots viennent d’abominari, comme qui diroit, ab omine rejicere, rejicere tamquam malum, Rejeter une chose comme si elle étoit de mauvais augure.

ABONDAMMENT. adv. En abondance. Abundanter, abundè, copiosè, cumulatè. Cette source donne de l’eau abondamment. Ce champ me fournit abondamment de quoi vivre. Le Parasite ne seme ni ne moissonne, & trouve tout abondamment.

ABONDANCE, s. f. Foison, grande quantité, affluence de plusieurs choses en un même lieu. Abundantia, copia. La commodité des rivières amène l’abondance à Paris. Le luxe, les plaisirs, enfans de l’abondance. Cail. On se lasse des plaisirs, & l’abondance engendre le dé-


gout,