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ABASSIE, ABASSINIE, ABASSINS. Voyez Abissinie.

ABASSIE. s. f. Abassa. Pays de la Géorgie prise en général. Il a la Mingrélie au levant, la Circassie noire au nord & au couchant, la Mer-noire au midi. Quelques Géographes la confondent avec l’Avogasie ; d’autres les distinguent & mettent l’Abassie au levant, & l’Avogasie au couchant.

ABÂTER, nom d'un des trois chevaux qui tirent le char de Pluton, selon Bocace : il signifie noir. Le second s'appelle Metheus, obscur, & le troisième Nonius, tiède.

ABATAGE. s. m. Cæsura, cæsuræ sumptus, impensæ, signifie entre les Marchands de bois, la peine & les frais pour abattre les bois qui sont sur pied. C’est à l’acheteur à payer l’abatage.

ABATANT. s. m. Terme de Marchand de draps : espèce de dessus de table qu’on éleve au fond d’une boutique & à chaque bout des magasins, & qui s’éleve ou s’abat, selon le jour que l’on veut donner au lieu où l’on vend la marchandise.

ABATARDIR, v. a. Depravare, corrumpere. Corrompre, gâter, altérer la nature de quelque chose, la faire déchoir de son premier état, la faire dégénérer. Il ne se dit qu’au figuré. La misère & l’esclavage ont abâtardi le courage des Grecs. La trop grande avidité des richesses a abâtardi les mœurs.

Il ne se dit guère qu'avec le pronom personnel, & il signifie, Dégénérer, s’avilir, se corrompre. Degenerare, depravari. Toutes les bonnes choses s’abâtardissent avec le temps. Les plantes d’Orient qu’on apporte en Europe s’abâtardissent, & perdent beaucoup de leur bonté. Cette maison s’est abâtardie dans l’oisiveté ; elle ne produit plus de grands hommes. La vertu Romaine s’abâtardit si fort, qu’elle ne put résister à la force des Barbares.

Abatardi, ie. part. pass. & adj. Corruptus, vitiatus.

ABATARDISSEMENT. s. m. diminution de valeur, de mérite, de bonnes qualités. Corruptio, depravatio. Les délices d’un pays causent l’abâtardissement du courage des peuples. Ils sont tombés dans un honteux abâtardissement. Nic.

ABATÉE. En termes de Marine se dit du mouvement d'un Vaisseau en pane, qui arrive de lui-même jusqu'à un certain point, après quoi il revient au vent.

ABATEIS. Vieux mot qui signifioit autrefois Forêt, Sylva. Il est hors d’usage.

☞ ABAT-JOUR. s. m. Fenêtre dont l'appui est en talus, telle qu'on en voit dans les magazins des Marchands, pour recevoir le jour qui vient d'enhaut, & pour faire paroître les marchandises plus belles.

ABATOS. Abatos. Île de l’Égypte, dans le Palus de Memphis. On y conservoit le sépulchre d’Osiris ; & Lucain dit, L. X. qu’elle étoit vénérable par son antiquité ; le lin & le papyrus y croissent. Ce nom signifie inaccessible, & vient de l’α privatif, & de βαίνω, je vais.

Il y a eu encore au-delà de l’Egypte & de l’Éthiopie un lieu ou plutôt un rocher de ce nom, dont Sénéque parle, Nat. Quest. L. 4. c. 6.

ABATTEMENT. s. m. Foiblesse, manque de force. Defectio virium. Ce malade est dans un grand abattement ; les forces lui manquent. Il n'est guère en usage au propre.

Abattement, se dit figurément en Morale. Infractio animi. Cet homme est dans un grand abattement d'esprit depuis le renversement de sa fortune.

En termes de Blason on appelle en Angleterre abattement, ou abattement d’honneur, une marque accidentelle ajoutée à l’Ecu, pour faire connoître une diminution de dignité, ou une marque d’honneur supprimée dans l’Ecu, en punition de quelque faute ou de quelque action diffammante. Cela se fait, ou en ajoutant quelque marque de diminution, ou en renversant tout l’Ecu. Harris.

ABATTEUR. s. m. Qui abat, qui fait tomber. Eversor. Ce Bucheron est un grand abatteur de bois. Acad. Fr. Ce qui se dit encore dans le figuré & populairement de celui qui vante ses prouesses, ou qui se glorifie de faire beaucoup de choses au-dessus de ses forces. Cet homme est un grand abatteur de bois, ou de quilles..

Les vents d'automne sont de grands abatteurs de fruits. La Quint.

ABATTIS. s. m. Démolition, renversement, ruine. Eversio, demolitio. Il y a eu un grand abattis de maisons par le tremblement de terre. Il y a plusieurs abattis de pierres dans cette carrière. Les carriers appellent ainsi la pierre qu'ils ont détachée, soit celle qui est bonne pour bâtir, soit celle


de rebut. Il fut fait un grand abattis de bois en cette forêt par la tempête. Dejectus arborum.

Abattis, signifie, en termes de Vénerie, le chemin que se font les jeunes loups, lorsqu’en allant souvent au lieu où ils ont été nourris, ils abattent l’herbe. Luporum trames, vestigia.

Abattis, se dit aussi d'une grande tuerie de bêtes. Cædes pecorum.. Ce Chasseur a fait un grand abattis de gibier. Ce Boucher fait un grand abattis de bestiaux tous les ans. On dit aussi en cuisine, faire des potages d’abattis d'agneau, d’abattis de poulets d'Inde, &c. pour dire qu'on les fait avec des bouts d'ailes, foies, & autres menues parties & issues de ces volailles. Les Bouchers appellent abattis, les cuirs, graisses, tripes, & autres menues choses des bêtes qu'ils ont tuées.

Les Réglemens de Police portent, que les Tueries, ou Abattis des Bouchers seront hors les villes. De la Marre. En cet endroit, il semble signifier le lieu où un Boucher tue ses bestiaux.

ABATTRE. v. act. Renverser, démolir, faire tomber, coucher par terre. Diruere, evertere. J'abats, tu abats, il abat, &c. Abattre une maison pour la rebâtir. Ce Lutteur a abattu son homme sous lui. Ce Chasseur abat bien du gibier. On abat les noix avec la gaule. On dit qu'il abattit avec sa baguette la tête des pavots. Ablan. Les Moissonneurs ont abattu trois arpens de blé aujourd'hui. Les Bouchers disent abattre le cuir d'un bœuf, pour l'écorcher. Les ennemis en se retirant ont abattu le Château & les fortifications de la Place. Il lui abattit l'épaule d'un coup de hache. Ablanc. Saint Pierre abattit l’oreille de Malchus. Un habile Oculiste a abattu la cataracte qui me couvroit l'œil. Il signifie quelquefois, affoiblir, débiliter. Son corps est atténué & abattu par la vieillesse. S. Evrem. On dit aussi que le café abat les fumées du vin, les vapeurs, pour dire, les rabaisse, les dissipe. On dit aussi que la chaleur, le vent, la poussière s' abattent, pour dire, cessent, tombent, diminuent. On dit qu'un cheval est sujet à s’abattre, pour dire à broncher, à tomber. On dit au jeu du Trictrac, abattre du bois, pour dire, abattre des Dames, afin de caser. Nicod dérive ce mot de à bas, adverbe local, composé de à & de bas. Il pourroit paroître plus ancien. On lit dans la Loi Salique, tit. 45. Si quis hominem de barco abattiderit ; c'est-à-dire, Si quelqu'un abat ou fait tomber un homme de dessus un arbre. On lit aussi dans les mêmes Loix, tit. 38. Battiderit. Ainsi les François avoient déja fait battere, ou battidere, & abbatere, du Latin batuere, dans le même sens que nous disons, battre, & abattre ; & c'est de là que ces deux noms nous sont venus, selon Chifflet, dans son Glossarium Salicum, p. 125. & 135.

Abattre, en termes de Marine, signifie Dériver, s’écarter de la vraie route. Declinare, deerrare. Ce qui se fait par la force des courans ou des marées, ou par les erreurs du pointage, ou par le mauvais gouvernement du timonier. On dit aussi qu’un Pilote abat son vaisseau d’un quart de rumb, & d’une autre aire de vent, quand il vire ou change sa course, & gouverne sur un autre rumb que celui de sa route. On dit, abattre un navire ; pour dire, le faire obéir au vent, lorsqu’il est sur les voiles, ou qu’il présente trop l’avant au lieu d’où vient le vent. On dit, le navire abat, lorsque l’ancre a quitté le fond, & que le vaisseau obéit au vent pour arriver. Aller à la dérive, s’appelle aussi abattre : c’est quand on va de côté au gré du vent & de la marée, au lieu d’aller en droiture. On dit aussi, Abattre un vaisseau sur le côté, lorsqu’on veut travailler à la carène, ou en quelqu’endroit des œuvres vives.

En termes de Fauconnerie on dit, Abattre l’oiseau ; pour dire, le tenir serré entre les mains, s’en rendre le maître pour le poivrer, ou lui donner quelque médicament. On dit encore, que l’oiseau de proie s’abat, lorsqu’il s’abaisse vers terre.

Abattre, se dit figurément en Morale, pour vaincre, dompter, renverser. Comprimere, reprimere, dejicere, sternere, prosternere. ; abattre l'orgueil de quelqu'un. Quand la mort abat la plus florissante jeunesse, alors on reconnoît la vanité des attraits du monde. Il signifie aussi accabler, & se dit des troubles & des afflictions de l'ame & du corps. Debilitare, frangere.. Ce changement de fortune lui a abattu l'esprit & le courage. Il s'est laissé vaincre & abattre à la douleur. Quand il se met avec le pronom personnel, il signifie perdre courage. Dimittere & contrahere animum. Contrahi


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