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empêchement du mariage suit non-seulement de l’affinité que l’on contracte par un mariage légitime, mais encore de celle qui se contracte par un mauvais commerce, si le crime a été consommé. Le crime cependant n’apporte d’obstacle au mariage qu’au premier & au second degré, Conc. Trid. Sess. xxiv, c. 4, au lieu que le mariage en met jusqu’au quatrième degré. Il n’est pas nécessaire au reste que le commerce ait été volontaire ; un commerce involontaire a les mêmes effets, comme il paroît par le Chapitre Discretionem, de eo qui cognovit consanguineam. Quant à la manière de compter les degrés d’affinité, elle n’est point différente de celle dont on compte les degrés de consanguinité, & par conséquent elle est autre dans le Droit Canon que dans le Droit civil. Voyez CONSANGUINITÉ.

Affinité, ou Cognation spirituelle, est celle qui se contracte par les Sacremens de Baptême, & de Confirmation, comme entre les parrains & marraines d’un côté, & les filleuls & les filleules de l’autre. Un parrain ne peut pas contracter mariage avec sa filleule sans dispense. Il se contracte aussi affinité avec les pere & mere de l’enfant qu’on tient sur les fonts ; ce qui s’appelle Compaternité ; mot qui n’est guère en usage. Voy. le Concile de Trente. Sess. xxiv. De Reform. c. 2.

Affinité, se dit figurément des liaisons, habitudes, sociétés, & rapports ou communautés que deux choses, ou deux personnes ont l’une avec l’autre. Ces deux esprits ont une grande affinité. Ces deux mots ont beaucoup d’affinité ensemble. La Physique & la Médecine, la Géométrie & l’Astronomie, ont bien de l’affinité entr’elles. Notre ame a comme une espèce de liaison & d’affinité avec ces choses. Boil. Ces choses n’ont aucune affinité entr’elles. Ablanc. Ils se ressouvenoient de l’affinité qu’ils avoient avec les Tyriens. Vaug.

Je vous sai fort bon gré de m’avoir supplanté ; Coquettes & cocus ont grande affinité. Scar.

Ce mot est dérivé d’affinitas, voisinage. Ceux-là sont proprement appellés affines, dont les limites se touchent.

AFFINOIR. s. m. C’est un terme de Cordier, qui signifie une espèce de seran dont les broches sont petites & serrées, au travers desquelles on fait passer le lin, le chanvre, pour les affiner. Pecten, echinus. Prenez cet affinoir, & affinez ce chanvre. Faites passer par l’affinoir.

AFFIQUET. s. m. Petit bois percé & proprement tourné, qui sert à tenir les aiguilles à tricoter. Les femmes le mettent à la ceinture.

AFFIQUETS. s. m. plur. On entend par-là tous les petits ornemens que les Dames portent pour se parer, & pour relever leur beauté ; comme sont les bracelets, les colliers, & toutes les autres choses qui regardent particulièrement la coiffure. Mundus, comptus muliebris. On ne se sert de ce mot qu’en raillant, & il n’a le plus souvent cours que dans le style familier & comique. Ablancourt a pourtant dit : Les femmes n’apportent rien en mariage aux Allemands ; au contraire elles reçoivent d’eux, non pas des parures, ni des affiquets ; mais une couple de bœufs, un cheval enharnaché, le bouclier, la lance & l’épée. En général toutes les parures, vaines, superflues, affectées, s’appellent par raillerie, & même par mépris, Affiquets. Que voulez vous faire de tous ces affiquets-là ? Nicod dérive ce mot Ab affigendo, parce que les affiquets se fichent particulièrement sur la tête. On disoit autrefois affiguets.

Vous avez de riches manteaux,
Vous avez de belles cornettes,
Vous faites d’affiquets nouveaux
Toujours d’inutiles emplettes.
Mais de jeunesse, Iris, d’embonpoint, & d’attraits,
N’en ferez-vous jamais ? Coulange.


AFFIRMANT, ante. adj. Terme de Logique. Affirmans. Il y a des propositions universelles affirmantes, qui sont d’ordinaire les premières dans les syllogismes.

AFFIRMATIF, ive. adj. Qui affirme. Vous soutenez que cela est ainsi d’une manière si affirmative, d’un ton si affirmatif, qu’il faut vous en croire. On ne doit rien proposer d’un certain air affirmatif, qui témoigne qu’on ne doute pas de ce qu’on avance, & qu’on ne veut pas même en douter. Nicol. Oui est une particule affirmative.

Affirmatif. s. m. Affirmativus. Terme de l’Inquisition Romaine. C’est le nom que donne le S. Office aux hérétiques qui avouent qu’ils sont dans les erreurs dont on les accuse, & qui, dans les interrogatoires, soutiennent ces erreurs avec opiniâtreté.

Affirmative, est aussi quelquefois substantif, & signifie opinion, proposition par laquelle on affirme. Affirmantis, afferentis opinio. L’affirmative & la négative de la plûpart des opinions, ont chacune leur probabilité. Pasc. L’affirmative paroît la plus probable. Roh. Prendre l’affirmative pour quelqu’un, c’est se déclarer pour lui. Il prend toujours l’affirmative contre moi ; c’est-à-dire, il est toujours contraire à mes sentimens.

AFFIRMATION. s. f. Témoignage qu’on donne qu’une chose est vraie. Affirmatio. Ce mot qui vient du Latin n’est guère en usage que dans le Barreau.

Affirmation en Justice. C’est le serment qu’on prête, & l’assurance qu’on donne de la vérité de quelque fait : ce qui se passe en présence du Juge, lequel fait lever la main, & jurer que la chose affirmée est véritable. On distingue deux sortes d’affirmation, l’une en matière civile, l’autre en matière criminelle. On prétend qu’en matière criminelle l’affirmation se peut diviser ; ensorte que dans la déposition du criminel l’on prenne ce qui fait contre lui, & l’on rejette ce qui tend à sa décharge. Mais en matière civile, lorsque l’affirmation est volontaire, & faite en conséquence d’un serment déféré à l’une des parties, l’on ne peut point la diviser, sur tout si elle contient des choses connexes, & il faut ou l’accepter toute entière, ou la répudier de même. L’affirmation, par exemple, de celui qui déclare avoir reçu, & restitué un dépôt, doit être prise dans son entier, & l’on ne peut l’accepter pour la réception du dépôt, & la rejetter pour la restitution.

Affirmation, est aussi un terme de Logique, opposé à négation, qui signifie l’expression par laquelle une proposition affirme, & dit d’une chose, qu’elle est. Cette proposition contient une affirmation, celle-là une négation. Il est de la nature de l’affirmation, de porter l’esprit à cela. Port-R.

AFFIRMATIONS, au pluriel, se dit en parlant du Greffe des affirmations. Tabularium forense affirmationum. Par l’Ordonnance de 1667, il y a un office de Greffe établi au Parlement pour recevoir, & donner les actes des affirmations des voyages, & du séjour de ceux qui viennent pour faire juger leur procès. Ces actes des affirmations servent au plaideur qui gagne son procès, pour faire taxer ses voyages.

AFFIRMATIVEMENT. adv. D’une manière affirmative. Affirmatè. Il m’a soutenu cela affirmativement & positivement. On dit dans l’Ecole, quand on propose une question, je répons affirmativement ; pour dire que la chose est ainsi.

AFFIRMER, v. act. Soutenir qu’une chose est véritable. Affirmare. On dit qu’une proposition affirme, quand elle tend à établir une vérité positive, & qu’une chose est. L’esprit en concevant deux choses, affirme de l’une, quelle est l’autre, ou au contraire. Roh. Ils affirment que le monde a été composé d’atomes. Bern.

Affirmer, en Justice, c’est se purger par serment, lever la main devant le Juge, qu’une chose est véritable. Jurejurando affirmare. Il a été déchargé de la demande qu’on lui faisoit, en affirmant qu’il avoit payé. Il faut qu’un compte qu’on présente soit affirmé véritable pardevant le Juge ; qu’on affirme la vérité d’une dette, quand on en a obtenu la collocation.

Affirmé, ée, part.

AFFISTOLER. v. a. Terme de dérision, bas & populaire ; pour dire ajuster. Le voilà joliment affistolé.

AFFISTOLEUR. s. m. Ce mot veut dire rapporteur, selon Coquillart. Voyez Borel. Il n’est plus du tout en usage.

AFFLEURER. v. a. Terme d’Architecture. Réduire deux corps saillans l’un sur l’autre à une même surface ; comme une trape au niveau du plancher. Æquare ad libellam.

AFFLICTION. s. f. Peine du corps, ou de l’esprit. Dolor, mœror, ægritudo. Les Elus sont éprouvés dans l’affliction. Les discours étudiés de ces consolateurs sans douleur irrite plus l’affliction qu’ils ne l’adoucissent. M. Scud. Le sage dit


Tome I. N iij dit