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l’interposition du décret ; & tout cela pour avertir les créanciers de faire trouver des enchérisseurs. La première affiche doit contenir une enchère. Ces deux affiches doivent être publiées au Prône, & apposées aux portes des Eglises, & autres lieux publics. En matière criminelle, on donne assignation à l’accusé par affiche à la porte de l’Auditoire.

Affiche, en termes de Collège, est une solennité que font les Ecoliers, où ils exposent leurs compositions au jugement les uns des autres. Solemnes litterariarum lucubrationum proscriptiones. Elles sont écrites dans des images, ou cartouches, qui ont divers ornemens. On propose des énigmes & des prix à ceux qui les expliqueront pendant les affiches. Ce mot en ce sens ne se dit jamais qu’au pluriel. Les affiches sont d’une grande utilité pour donner de l’émulation aux Ecoliers. Il se dit au singulier, quand il se prend en particulier pour une de ces images ou cartouches dans lesquels chacun écrit sa composition. Mon affiche de prose n’a point été piquée. J’ai repris ou piqué un solécisme dans ton affiche de vers. L’affiche grecque d’un tel a été déchirée. Les Ecoliers le disent aussi de l’ouvrage qu’ils écrivent dans le cartouche : J’ai fait mon affiche de vers, elle est sans faute ; mais je n’ai pas encore achevé l’affiche du Grec.

Les affiches sont aussi anciennes, & l’on peut certainement ajouter autant & plus nécessaires, que les publications, pour instruire le public des loix qu’il doit observer. Tous les peuples qui ont acquis le plus de réputation par la sagesse de leur gouvernement, ont suivi cette méthode des affiches, pour rendre leurs loix publiques. Les Grecs les écrivoient sur des rouleaux de bois plus longs que larges, & les exposoient dans les places publiques. Ils nommoient ces rouleaux, selon Aristote, Cyrbes. D’autres disent que ce nom n’étoit donné qu’aux tables qui contenoient les loix des Sacrifices, & qu’ils nommoient Axones les autres tables. Les Romains affichoient leurs loix gravées sur des tables d’airain. Cet usage passa dans les Gaules avec la domination des Romains. Il fut conservé par nos Rois après leurs conquêtes. François I. le confirma par son édit du mois de Novembre 1539. De la Marre.

AFFICHER. v. act. Attacher un placard, un écrit dans quelque lieu, pour avertir le public de quelque chose. Libellum, Tabulam, proscribere, figere, affigere. Cet édit, ce règlement a été lû, publié & affiché en tous les lieux ordinaires, afin que personne n’en prétende cause d’ignorance. On affiche les Livres nouvellement imprimés pour les faire connoître. On dit encore en badinant, de quand on menace de rendre la chose publique, qu’on la fera afficher. Le droit de faire publier & de faire afficher, n’appartient en chaque ville, qu’au Juge qui a la juridiction ordinaire, & le territoire. Lors même que dans une ville il y a plusieurs Juges ordinaires, ce droit de faire publier & afficher, n’appartient qu’au premier & principal Magistrat de la ville, comme une suite & dépendance de la Police. Le Prévôt de Paris en est en possession de temps immémorial. De la Marre. Il rapporte les preuves de ce dernier article. Traité de la Police, L. I. Tit. xv. c. 2. On dit de même d’un Prédicateur qui annonce à la fin de ses sermons sur quoi il prêchera les jours suivans : il affiche ses sermons. Cette expression ne se dit que dans la conversation ; annoncer est mieux. Declarare, monere, præmonere.

On dit au fig. Afficher le bel esprit ; pour dire, se donner pour bel esprit, vouloir passer pour bel esprit. Afficher sa honte, rendre publics des sentimens ou une action qui nous déshonorent.

Afficher. Terme de Cordonnier. C’est couper les extrémités du cuir, lorsqu’il est sur la forme. Afficher une paire de semelles. Afficher une paire d’empeignes.

Affiché, ée. part. Proscriptus.

AFFICHEUR. s. m. Celui qui affiche. Afficheur de Thèses, Afficheur de la Comédie.

AFFIDÉ, ée. adj. Celui en la foi, en la discrétion de qui on se confie. Celui ou celle à qui on donne sa confiance. Fidus, fidelis. Il faut toujours avoir un ami affidé qui soit sûr, à qui on puisse confier ses pensées. Les plaideurs pour les Benéfices ont toujours quelque partie affidée, qui est leur confidentiaire. Il est aussi substantif : C’est son affidé : c’est son affidée ; c’est-à-dire, son accordé, ou son accordée, en style de Notaire.

Affidés, ou Affidati. Les Affidés. C’est le nom des Aca-


démiciens de Pavie, dont la devise est un héron, avec l’étoile de Mercure, & pour âme ce mot latin, Utraque, felicitas, pour marquer, dit le P. Kirker, Œd. Egypt. T. I. p. 10, la félicité de l’action & de la contemplation, ou de la vie d’action & de la vie de contemplation ; c’est-à-dire, d’étude.

AFFIER, est un vieux mot qui s’emploie ordinairement avec le pronom personnel, & qui signifie, faire fonds sur la fidélité d’une personne, compter sur sa bonne foi, Confidere alicui. En la place on dit, se fier, se confier, s’assûrer sur quelqu’un.

Affier. Terme d’Agriculture. Planter, provigner des arbres en sions, ou boutures. Serere, propagare. Ce mot est vieux, on dit à présent, planter de bouture, & non plus affier. Liger.

AFFILER. v. a. Terme de Coutelier. Donner le fil à un couteau, à une épée, à une faux, à une coignée, & à tous autres instrumens tranchans, en les passant sur la meule ou sur le grais, ou avec la pierre à aiguiser. Affiler un rasoir. Acuere.

Affiler, est aussi un terme de Tireur d’or. Il signifie, mettre le lingot d’or ou d’argent dans la filière. Affiler un lingot d’or, affiler une verge d’or ou d’argent. Aurum vel argentum in fila ducere.

Affiler est encore un terme de Jardinier. Il signifie, planter à la ligne. Affiler des arbres. Arbores ad lineam exigere, mais Aligner vaut mieux. Voyez Aligner.

Affiler. Terme d’agriculture. Les Laboureurs disent, nos blés sont tous affilés. Les gelées du mois de Mars ont affilé tous nos blés, c’est-à-dire, ont rendu les fanes du blé tellement petites & pointues, qu’il semble que ce ne soit que des filets. Cet accident, qui n’arrive aux blés que par des froidures qui surviennent au mois de Mars, n’est autre chose qu’une altération causée aux fibres de la fane encore tendre, qui perdant par-là les dispositions nécessaires pour recevoir le suc nourricier, s’affile au lieu de prendre toute l’extension en longueur & largeur qui lui convient pour être belle. Liger.

Affilé, ée, part. On dit figurément, un bec affilé, d’une personne qui est grande parleuse, & le plus souvent médisante. Loquax, garrulus. Elle a la langue bien affilée, le caquet bien affilé.

AFFILIATION. s f. Terme gaulois, qui signifie, Adoption. Chez les anciens Gaulois cette espèce d’adoption se pratiquoit entre les Rois & les grands Seigneurs. Elle se faisoit avec des cérémonies militaires. Le pere présentoit une hache à celui qu’il adoptoit pour son fils ; & cela signifioit, qu’il vouloit qu’en succédant à ses biens, il les conservât par le glaive.

Affiliation, est aussi un terme de Religieux, qui signifie la communication qu’un Ordre Religieux fait à quelque maison particulière, de tout ce que l’Ordre a de plus saint & de plus précieux. Communicatio.

AFFILIER. v. act. Vieux mot, qui veut dire, adopter, prendre pour fils. Adfiliare, in filium adoptare. Honoré Bonnor en l’arbre des batailles, part. 4. c. 106. dit, je traite la question, sçavoir, si la Reine Jeanne de Naples, a pu affilier le Roi Louis, &c.

C’est aussi un terme de Religieux, qui signifie, Faire quelqu’un participant de tout ce qu’il y a de plus saint dans un Ordre. Communicare.

AFFINAGE. s m. Action par laquelle on épure, on dégage de ses parties hétérogènes une matière quelconque, solide sur-tout, pour la rendre plus propre aux usages qu’on s’en promet. Purgatio. Il y a beaucoup de déchet dans l’affinage du sucre pour le rendre blanc. L’affinage des métaux se fait par le feu, le mercure, le plomb, l’eau forte, &c. Il y a pour l’argent l’affinage au plomb ; c’est lorsqu’on l’affine dans une grande coupelle que l’on met dans un fourneau couvert d’un chapiteau de carreaux de briques, pour déterminer la flamme à reverbérer sur les matières, ce qu’on appelle feu de réverbère. On chauffe ce fourneau par un grand feu de bois, & on met du plomb dans la coupelle, à proportion de la quantité & de la qualité des matières à affiner. Quand le plomb a bouilli quelque temps, on jette les matières dans la coupelle, ce qu’on appelle charger la coupelle ; & quand elles ont bouilli, on se sert d’un gros soufflet pour souffler la surface des matières, afin de les faire tourner & circu-


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