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niers entoisent, & empilent, & qui s’affaissent notablement quelques jours après avoir été dressés. Il est à craindre que ces couches ne viennent à un trop grand affaissement, si l’on n’a soin d en bien fouler le fumier. Liger. Il se dit aussi parmi les Jardiniers des terres & des sables, lorsqu’en ayant nouvellement porté en quelque endroit, ou qu’en ayant nouvellement remué de deux ou trois pieds en fond, elles paroissent surpasser la superficie de la terre où elles sont, & puis qu’elles viennent à s’abaisser ; pour lors ils disent : Il s’est fait un petit affaissement de ces terres. La Quint. Liger. Les Jardiniers habiles en remplissant quelque grand trou, ont accoutumé de le remplir d’un bon pied au moins plus haut que le reste de la superficie, en vue que l’affaissement qui doit survenir après les pluies, ou les neiges, rende tout le terrain égal. La Quint.

AFFAISSER, v. act. C’est faire que des choses que l’on met les unes sur les autres, s’abaissent, se foulent, & tiennent moins d’espace en hauteur. Deprimere, stipare. Les pluies affaissent les terres. On affaisse les marchandises, quand on les emballe.

Affaisser, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie, s’abbaisser par sa propre pesanteur, ou par quelque force ou impression extérieure. Sidere. Les fortifications de terre s’affaissent sensiblement. Ce mur commence à s’affaisser. Il n’y a guère de planchers qui conservent toujours le niveau, & qui ne s’affaissent avec le temps. Les montagnes s’affaissent quelquefois. Un bâtiment s’affaisse lorsqu’étant fondé sur un terrein de mauvaise consistance, son poids le fait baisser ; ou lorsqu’étant vieux, il menace ruine. En termes de Jardinage, on dit, cette terre, ou cette couche s’est affaissée. ☞ La terre s’est affaissée en quelques endroits, & a bouché les entrées d’une partie de ces caves qui se sont rendues célébres sous le nom de Catacombes. Misson, let. 28.

On dit figurément d’un vieillard qui se courbe, qu’il s’af- faisse, qu’il commence à s’affaisser sous le poids des ans.

Affaissé, ée, part. Qui s’est abaissé, qui occupe moins d’espace en hauteur. Depressus.

AFFAITAGE. s. m. Terme de Fauconnerie. Soin qu’on prend pour affaiter, ou pour bien dresser un oiseau de proie. Cura cicurandi accipitris. Il faut bien du soin & de l’industrie pour réussir à l’affaitage d’un oiseau. Les effets de l’affaitage sont tout-à-fait merveilleux, puisqu’il fait que l’oiseau naturellement farouche, fier, fantasque & passionné pour sa liberté, la quitte néanmoins au premier rappel du Fauconnier, & abandonne l’air où il vole, pour se rendre volontairement esclave.

AFFAITEMENT. s. m. Voyez Enfaîtement.

AFFAÎTER. v. a. Raccommoder le faîte d’une couverture, y mettre des faîtières. Tecti fastigium reficere. Voyez aussi Enfaîter. Affaîter se dit peu.

AFFAITER. v. a. Terme de Fauconnerie, qui se dit en parlant des oiseaux sauvages qu’on apprivoise, qu’on rend familiers & doux, qu’on assure pour revenir sur le poing, ou au leurre. Cicurare, mansuefacere, erudire. C’est aussi l’introduire au vol, le curer, le traiter, r’habiller ses pennes, le tenir en santé, & le rendre de bonne affaire. Curare. On affaite l’oiseau en le portant d’ordinaire sur le poing ; en le découvrant souvent pour lui faire voir toutes sortes d’objets ; en se faisant connoître à la voix, au visage ; en le caressant de toutes les manières, & en se rendant fort doux à son égard, & patient à souffrir toutes les mauvaises humeurs.

Affaiter des peaux. Terme de Tanneur. C’est les façonner à la tannerie. Coria, pelles effingere, perficere.

Affaité, ée. part.

AFFAITIER, & AFAITIER. Verbe actif, qui vouloit dire autrefois, instruire, rendre habile en quelque science.

Car de plusieurs langages s’estoit fait affaitier.

Rom. de la Rose.

Affaitier, signifioit aussi, raccommoder. Et lui demandez de ce cuir qu’il emporte, & vous dira qu’il en veut ses soliers affaitier, quand ils seroient dépéciés. Merl.

AFFAITIÉ. part. & adj. Appris, instruit. Jean li Nivelois fut moult bien affaitié.

AFFALE. C’est le commandement aux gens de mer pour faire baisser quelque manœuvre. Deprime.

Affalé, adj. masc. Terme de Marine qui se dit d’un vaisseau qui est arrêté sur la côte, qui ne peut s’élever, ni courir au large par trop, ou trop peu de vent:ou que le vent ou les courans forcent à se tenir près de terre. Navis coacta littus radere.


AFFALER. se dit en général, pour dire, Abaisser. Deprimere. Il faut affaler cette manœuvre, cette poulie, c’est-à-dire, il faut faire baisser.

AFFAMER. v. act. Faire souffrir la faim, causer une faim qu’on ne puisse supporter ; Retrancher, couper les vivres; empêcher qu’ils n’entrent en quelque lieu, afin d’y causer la famine. Famem inferre. Quand les places sont trop fortes, on leur coupe les vivres par un blocus pour les affamer.

Affamer, se dit aussi des goulus qui affament les autres, parce qu’ils ne leur laissent pas assez de quoi manger.

Affamé, ée. part. Famelicus, fame pressus. Il est cruel comme un loup affamé.

Affamé, se dit figurément en choses morales & spirituelles, & signifie, une personne qui désire ardemment quelque chose, qui a une passion extrême d’en jouïr. Cupidus, incensus, inflammatus fludio alicujus rei. Ce Prince est affamé de gloire. Cet homme est affamé de nouvelles. Il est affamé d’argent. Pensez-vous que ce soit un homme affamé de femmes ? Mol. Ce qui rend la solitude insupportable à la plûpart des gens, c’est que leur cœur demeure vide & affamé de louange, & qu’étant privé de cette nourriture ordinaire, il ne trouve pas dans soi-même de quoi se remplir. Port-R. Ne vous attachez jamais à ces hommes ambitieux, & affamés de gloire:ils vous sacrifieront toujours à leur vanité.

De louange & d’honneur vainement affamée, Vous ne pouvez aimer, & voulez être aimée. Voit.

Depuis Janvier jusqu’en Avril,
Sans redouter aucun peril,
Dorilas affamé de gloire
Forme de genereux desseins,
Dont ce Héros perd la mémoire,
Depuis Mai jusqu’à la Toussaints.

Affamé, se dit dans le commerce, d’un homme qui a toujours besoin d’argent, qui a trop souvent recours au crédit, ou à la bourse de ses amis.

Affamé, se dit aussi des choses qui sont faites avec avarice, ou épargne, ou qui n’ont pas la grandeur ou la grosseur requise. Constrictus, Arctatus. Ainsi on dit qu’un habit est trop affamé, ou trop étroit ; un caractère, une lettre affamée, qui n’est pas bien nourrie, ou assez chargée d’encre. Macer, tenuis, tenuior, exilis, exilior, gracilis.

On dit en proverbe, ventre affamé n’a point d’oreilles; pour dire qu’un homme qui a faim n’écoute guère ce qu’on lui dit. Jejunus venter non audit verba libenter. On appelle un poux affamé, un gueux à qui on a donné un emploi lucratif, dans lequel il veut s’enrichir en peu de temps. Il est affamé comme un jeune levron. Affamé comme un rat d’église. Mascur.

AFFAN. Ce mot vouloit dire autrefois, entente, intelligence. Peyre Guillen tout son affan mist Dieu in ley far per mon dam. C’est-à-dire, Dieu mit toute son entente à la faire pour mon dommage.

AFFANEURES. s. f. pl. Terme dont on se sert en quelques provinces, pour signifier le blé que les batteurs & les moissonneurs gagnent, au lieu de l’argent qu’on leur donne ailleurs.

AFFARE. s. m. Est un terme usité en Dauphiné, pour signifier toutes les dépendances d’un fief.

AFFÉAGER. v. a. Donner à féage. C’est lorsque le Seigneur aliéne une portion de terres nobles de son fief, pour être tenue en roture ou en fief à la charge d’une certaine redevance, par celui qui en devient acquéreur. Voyez l’art. 358 de la Coutume de Bretagne.

AFFEBLOYER. v. a. Qui vouloit dire autrefois, lorsqu’il était en usage, Affoiblir. Debilitare.

AFFECTANT, ante. adj. Qui témoigne vouloir quelque chose, ou l’aimer. Affectator, Consectator, Consectatrix. Les Républiques bannissent les citoyens affectans la tyrannie. Le style d’un Orateur affectant certaines figures ou expressions, est vicieux. Ces façons de parler ne sont pas bonnes:il faut dire, Qui affecte, & non pas Affectant.

AFFECTATION. s. f. Desir véhément dont on fait paroître trop de marques au dehors. Affectatio, confectatio. L’affectation des honneurs, & du commandement, est choquante. L’affectation qu’a une partie pour choisir un Rapporteur, le rend suspect aux autres.

Affectation, se dit aussi de certaine manière de parler


ou