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ADRIANE. Adrianopolis. Ville de la province de Cyrène en Afrique. Ce nom vient de celui de l’Empereur Adrien, qui, comme le témoigne Spartien, au lieu de monumens publics, aimoit à donner son nom à des villes. Comme les médailles écrivent toujours HADRIANUS par un H, il faudroit aussi en François écrire Hadrien, & Adriane ; mais l’usage contraire a prévalu.

ADRIANISTE, s. m. & f. Nom de Sectaires. Il y en a de deux sortes qui ont porté ce nom. Les premiers Adrianistes étoient une branche des Sectateurs de Simon le Magicien. Théodoret seul nous en a conservé le nom & la mémoire, sans nous en apprendre l’origine. Il est vraisemblable que cette Secte, & les six autres qui sortirent des Simoniens, prirent leur nom des Disciples de Simon qui se mirent à leur tête ; leurs noms semblent marquer cela ; Dosithéens, Cléobaniens, Géorthéniens, Masbothéens, Adrianistes, Eutychistes, & Canistes.

Les autres Adrianistes sont les Sectateurs d’Adrien Hamstedius Anabaptiste du XVIe. Siècle, qui enseigna aussi des erreurs particulières sur Jesus-Christ.

ADRIATIQUE. La mer Adriatique. Adria, Adriaticum mare. C’est le Golfe de Venise, appelé quelquefois par les Latins, Mare superum ; & qui, selon Strabon, L. 7. prit le nom d’Adriatique, du fleuve Adria. On trouve encore deux autres mers appelées Adriatiques dans des siècles plus reculés : 1º. S. Jérôme dans la vie de S. Hilarion, c. 30. appelle mer Adriatique, celle qui est entre la Palestine & la Sicile. 2º. Les Auteurs de la vie de Saint Willibalde dans Surius, Jun. VII. & dans Canisius, Var. Lect. T. IV. appellent la mer Phénicienne, mer Adriatique. Apparemment c’est le nom que les Phéniciens donnoient à la Méditerranée, l’appelant grande mer, ים אדיר, ou peut-être יםאדירה, Jam adir, ou Jam adira, d’où en Latin l’on aura fait Adria, & Adriaticum mare. Les Hébreux l’appeloient aussi ים הגרול, la grande Mer.

ADROGATION. s. f. Terme de Jurisprudence. C’étoit une sorte d’adoption qui n’étoit différente de l’adoption proprement dite, qu’en ce qu’il falloit que le sujet qui consentoit à être adopté par l’adrogation, fût libre, affranchi de la puissance paternelle, soit par la mort de son pere naturel, soit par l’émancipation ; & parce qu’elle se faisoit dans l’Assemblée du Peuple, pendant que la République subsistoit, & depuis, par un rescrit des Empereurs. Hors ces différences, qui ne regardent que la forme, c’est dans le fond la même chose que l’adoption.

ADROIT, oite. adj. Industrieux, qui a une grande dextérité de main, de corps. Industrius, solers, dexter. Ce sauteur est bien adroit, bien agile. Cet ouvrier est fort adroit de la main.

Adroit, se dit d’un esprit fin, délicat, habile & subtil. Subtilis, elegans. Le discours de cet Orateur est fort adroit ; il a donné une louange fort adroite, fort délicate.

Adroit, mis substantivement, se prend quelquefois en mauvaise part, & se dit d’un homme fin & rusé, qui se sert de son esprit pour tromper. Astutus, versipellis. Deffiez-vous de cet homme ; c’est un adroit.

À DROIT. adv. Du côté droit, qui est opposé à gauche. Dextrà. On dit populairement, qu’un gaucher ne fait jamais rien à droit.

ADROITEMENT. adv. Avec adresse, d’une manière adroite & subtile. Dexterè, subtiliter, callidè. Ce coupeur de bourse lui a volé adroitement sa montre dans sa poche. Les gens sages savent s’accommoder adroitement au temps. Ce mot vient du Latin dexter..

ADRUMETE. Adrumetum. Ancienne ville d’Afrique, appelée aujourd’hui Hamameta par les Arabes. Elle a eu un Évêque suffragant de Carthage ; & en 394 il s’y tint un Concile. Elle étoit capitale de la province de Bysacène. Strabon l’appelle Adrume, & Étienne Adrumès. Mais Ptolomée, Salluste, Hirtius, Pline, &c. la nomment Adrumète. Salluste dit que c’étoit une Colonie Phénicienne.

Scaliger, & après lui, Drusius, Casaubon, & d’autres prétendent que ce nom est Phénicien, & signifie le Palais de Pluton, חצר מות, Palais de la mort. D’autres soutiennent que cela ne peut être, qu’on auroit dit Adramota, & non Adrumetum ; peut-être même Hatsarmotha, ou Hatsramotha, plutôt qu’Adramotha ; que d’ailleurs il n’y avoit point de raison de l’appeler ainsi ; qu’elle étoit dans un pays beau & fertile ; qu’une ancienne inscription la nomme, COLONIA CONCORDIA ULPIA TRAJANA AUG. FRUGIFERA HADRUMETINA ; que Pline, L.


XVII. 5. XVIII. 10. Varron, de Re Rust. L. i. c. 44. Silius Italicus, L. VIII. mettent la Bysacène parmi les contrées les plus fertiles. Bochart aime donc mieux tirer son nom de חצר Palais, & םאה cent, & sous-entendre שערים mesures, parce que son territoire produisoit cent pour un. Cet étymologie ne prévient pas les connoisseurs en sa faveur. Adrumète s’appelle aujourd’hui Mahometta, & par les Arabes Hamametha. Le Concile d’Adrumète se tint en 394. Quelques Moines d’Adrumète, au commencement du cinquième siècle, se scandalisèrent de la doctrine de Saint Augustin.

ADV.

ADVEILLER. verb. neut. Vieux mot, qui veut dire, être dolent. Dolere, mœrere.

ADVENANT. Voyez Avenant.

ADVENEMENT. Voyez Avénement.

ADVENIR. v. n. Voyez Avenir.

ADVENT. Voyez Avent.

ADVENTIF, ive. adj. Adventitius. Terme de Jurisprudence. se dit des biens qui arrivent à quelqu’un, soit comme un présent de la fortune ; soit par succession collatérale ; soit par la libéralité d’un étranger. Bona adventitia. Ce mot est opposé à profectitia, qui signifioit les biens qui proviennent du père directement. Ce mari a été condamné à restituer aux héritiers de sa femme, non seulement ses deniers dotaux ; mais aussi ses biens adventifs, qui lui étoient échus par succession collatérale. Il y en a qui écrivent aventice.

ADVENTURE. Voyez Aventure.

ADVENTURER. Voyez Aventurer.

ADVENTUREUX. Vovez Aventureux.

ADVENTURIER. Voyez Aventurier.

ADVENTURINE. Voyez Aventurine.

ADVENU. Voyez Avenu.

ADVENUE, Voyez Avenue.

ADVERBE. s. m. Terme de Grammaire. Adverbium. C’est une des parties d’oraison qui ne se décline, ni se conjugue, & qui se joint avec les verbes, ou avec les adjectifs, pour expliquer la manière d’agir, ou de souffrir, & pour en marquer les différentes circonstances. Ce mot vient de la préposition Latine ad, & du nom verbum, verbe, & signifie une diction qui se joint au verbe, non-pas qu’elle ne se joigne qu’au verbe ; mais parce qu’elle s’y joint plus ordinairement ; car elle se joint aussi aux adjectifs, comme on vient de le dire, & même aux substantifs, dans les occasions où ils signifient un attribut, ou qualité de l’objet dont on parle. Il agit constamment ; il est vivement poursuivi ; il est fort malade : il est puissamment riche ; saintement avare ; souverainement maître ; véritablement Roi, plus Mars que le Mars de la Thrace. Malh. Un adverbe se joint même quelquefois à un autre adverbe pour en modifier le sens. Très-courageusement, fort dévotement, bien malheureusement. De-là vient que quelques Grammairiens aiment mieux les appeller modificatifs, & les renfermer sous ce nom avec quelques autres parties d’oraison, comme la préposition, la conjonction. Les adverbes se distinguent en adverbes de temps, de lieu, & en un grand nombre d’autres. Ils augmentent, ou diminuent la force des mots avec lesquels ils sont joints. Notez qu’il ne faut pas placer l’adverbe trop loin de son verbe ; & quand c’est à un nom ou à un autre adverbe qu’il se joint, il ne faut jamais l’en séparer, ni rien mettre entre deux ; les adverbes de quantité veulent avoir l’article indéfini après eux : il y a peu de blé, beaucoup de vin. Il en faut excepter bien, qui demande l’article défini : On a recueilli bien du blé, bien du vin : Il a bien de l’esprit, au lieu qu’on dit, il a beaucoup d’esprit avec l’article indéfini. Il n’est pas nécessaire au reste pour cela que l’adverbe précède immédiatement le nom, comme dans les exemples qu’on vient de rapporter ; il suffit qu’il soit devant : quand il y auroit quelque chose entre-deux, on ne laisseroit pas de mettre l’article indéfini. Il a beaucoup trouvé d’avantage à ce mariage. Il a beaucoup gagné de bien à ce commerce. Les Etrangers manquent souvent à ces règles. Si l’adverbe de quantité ne se rapporte point à la chose dont on parle, mais seulement au verbe dont il amplifie, ou modifie la signification, en ce cas on se sert de l’article défini. Donnez-moi un peu de l’eau : Il aime trop le jeu, ou les femmes ; & s’il se rapporte à la chose, on dit, Donnez moi un peu d’eau. Il y avoit trop


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