fait de lui ; pour dire, qu’un homme se meurt, qu’il est perdu. Adieu paniers, vendanges sont faites ; pour dire, qu’on n’a plus besoin de certaines choses, quand la saison où l’on s’en sert est passée. Adieu mon argent, adieu mes espérances ; pour dire, qu’on a perdu son argent, ses prétentions.
On dit en termes de Marine, adieu va, ou parez à virer, pour avertir l’équipage, afin qu’il manœuvre de concert, lorsqu’on veut faire virer le vaisseau pour changer de route.
ADIGÉ. s. f. Athesis. Rivière d’Italie, qui prend sa source au mont Brennet, dans le Tirol, & après avoir passé le Trentin & le Véronnois, se jette dans la mer Adriatique, au midi de la côte de Venise, & au nord de l’embouchure du Pô.
ADIMION. s. m. Terme de Fleuriste. C’est une tulipe amaranthe, avec un peu de rouge & de blanc de Lait.
ADIMAIN. s. m. Animal privé, qui ne se trouve que dans les déserts de la Lybie. Il ressemble au mouton. Il porte une laine courte & très-fine. Il n’y a que la femelle qui ait des cornes. Il a les oreilles fort longues & pendantes. C’est tout le bétail de Lybie, qui fournit aux habitans quantité de lait & de fromage. C’est un animal fort paisible, qui se laisse monter aux enfans, & les porte sur son dos plus d’une lieue ; il est aussi grand qu’un moyen veau. Ablanc. Traduct. de Marmol. Voyez encore Jean Léon l’Africain, Descript. de l’Afrique. P. IX.
AdJOINDRE. v. act. Donner un collègue, associer quelqu’un pour servir d’aide & de conseil, & quelquefois de contrôleur dans une affaire, ou dans une négociation importante. Adjungere. On dit, Adjoindre à un rapporteur deux évangélistes, lorsqu’il rapporte un procès, pour examiner l’inventaire & les pièces.
Adjoint, ointe. ADJOINT, part.
ADJOINT. s. m. Celui qui est joint avec un autre pour lui aider dans son ministère, ou pour en partager les fonctions, ou pour prendre garde à ses actions. Socius, Collega. Ce Syndic ne sauroit rien conclure seul ; il faut négocier avec son Adjoint. On a créé en titre d’office des Adjoints aux enquêtes, pour être présens à la confection des enquêtes avec le Juge commis pour la faire. Le Syndic des Imprimeurs & Libraires a aussi ses Adjoints.
Adjoints, en termes de Rhétorique & de Grammaire, se dit des mots, ou des choses qu’on joint à d’autres pour en augmenter la force, ou pour amplifier le discours : comme les mots adjectifs, ou les épithètes sont adjoints aux substantifs, pour marquer leur nature & leurs qualités. Adjuncta. En Rhétorique on appelle particulièrement adjoints, adjuncta, les lieux communs où l’on peut puiser les argumens : toutes les circonstances d’où naissent les preuves du fait.
ADJONCTION. Il ne se dit qu’en pratique du Palais. On conclut toutes les requêtes de plaintes en matière criminelle, en demandant l’intervention, & en requérant l’adjonction de M. le Procureur-Général, du Procureur du Roi, ou du Procureur Fiscal. Subscriptio.
AdJOURNEMENT. s. m. Assignation, ou exploit qu’on donne à quelqu’un pour comparoître en justice à un certain jour, & répondre sur quelque demande qu’on fait contre lui. Vadimonti denunciatio, in jus vocatio. Les ajournemens qu’on fait en Cour Souveraine, ou aux Requêtes du Palais, se font en vertu d’un mandement, ou d’une commission du Sceau ; mais les ajournemens qui se donnent devant les Juges subalternes se font par un simple exploit. Un ajournement se doit signifier à la personne, ou au domicile. Par l’Ordonnance de 1667. les ajournemens des étrangers se feront à l’hôtel du Procureur Général du Parlement, où ressortiront les appellations du Juge devant lequel ces étrangers absens, & hors du Royaume, seront assignés. Avant cette Ordonnance on les assignoit sur la frontière. Les ajournemens doivent être libellés, & contenir la demande, le nom, & le domicile du demandeur, celui du Sergent, & le nom de celui à qui l’exploit a été laissé. Enfin, l’exploit d’ajournement doit être contrôlé dans trois, jours après la date. Les autres formalités des ajournemens sont réglées par le second titre du Code-Louis ; c’est-à-dire, de l’Ordonnance de 1667. Ajournement personnel en matière criminelle, est une Ordonnance, ou Sentence du Juge, par laquelle il est enjoint à l’accusé de comparoître en personne Vadimonii per se obeundi denuntiatio. On décerne seulement un ajournement personnel, quand le crime n’est point capital, & n’emporte ni peine afflictive, ni peine infamante. Cependant si l’accusé est Officier, il demeure interdit des fonctions de sa Charge par le seul ajournement personnel. Si celui contre lequel il y a ajournement personnel, ne comparoît point dans le temps qui lui est marqué par l’assignation, le Juge convertit le decret d’ajournement personnel, en decret de prise de corps. Autrefois il y avoit certaine forme & solennité pour ajourner un Pair de France, un Prince, un Prélat, un Seigneur, un Gentilhomme, à cause de leur révérence & autorité. Ragueau.
Adjournement, se dit figurément des avertissemens qui nous font souvenir de la mort, & des jugemens de Dieu. Malgré tant d’ajournemens subits devant le tribunal divin, dont nous
sommes témoins, nous vivons avec sécurité, sur la périlleuse espérance d’un temps de préparation, qui peut-être ne nous sera jamais donné. Le P. Gail.
AdJOURNER, v. act. Assigner quelqu’un pour comparoître en justice, & défendre à quelque demande qu’on fait contre lui. Diem dare, dicere. Il a été ajourné à quinzaine, au mois, au Parlement, au Conseil. On n’ajourne point les témoins pour déposer ; on ne fait que les assigner : & en Cour Ecclésiastique on doit citer. Ménage dérive ce mot de adjurnare, comme qui diroit, diem dicere, qui se trouve en cette signification dans les Capitulaires. Il signifioit anciennement, que le jour étoit venu ; nous en avons perdu la naiveté pour la tourner en chicane. Pasq.
Adjourner à trois briefs jours, c’est crier à son de trompe, ou à cri public, qu’il y a un decret contre quelqu’un, après qu’on a fait perquisition de sa personne, afin qu’il ait à comparoître dans les trois jours en justice : à faute de quoi on lui doit faire son procès par contumace.
Adjourner, vouloit encore dire autrefois, se faire jour ; il est employé en cette signification dans Perceval, le Roman d’Alexandre & Pasquier ; & dans le Roman de Pepin ajourner veut dire, que le jour ou l’aurore commencent.
Adjourné, ée, part. & adj.
AdJOUsTER, v. act. Joindre quelque chose à un autre, l’amplifier. Addere, adjungere. On a ajoûté quatre Compagnies à ce Régiment. On voit dans ce lieu tout ce que l’art peut ajoûter à la nature sans la gâter. M. Sc. Il faut ajoûter ces trois sommes ensemble. Il ajoûte crime sur crime. Les arts se perfectionnent par le temps, parce que l’on ajoûte toujours à la première invention, & aux premiers efforts de l’esprit. S. Evr. La splendeur des Grands ajoûte à notre propre misère le poids du bonheur d’autrui. La Br. Ce passage a été ajoûté à ce Livre ; pour dire, il n’est pas dans l’Original. On ne peut rien ajoûter à sa débonnaireté ; c’est-à-dire, qu’elle est extraordinaire. Il y en a qui ajoûtent à la gloire de leurs ancêtres, une gloire qui leur est propre. Du R.
Nicod dérive ce mot de ad, & de juxtà, ou d’adjungo.
On dit quelquefois, pour faire un transition à une dernière raison : Ajoûtez à cela que, &c. Je n’ajoûte qu’un mot ; je finis. On dit aussi simplement, Vous ajoûtez ; pour dire, Vous y mettez ce qui n’y est pas ; vous dites plus qu’il n’y en a. Je n’ajoûte rien ; c’est-à-dire, je rapporte les choses de bonne foi, je n’ajoûte rien à la vérité. Il n’y a rien à ajoûter à ce que vous dites, à ce que vous faites ; pour dire, Vous parlez & vous agissez parfaitement bien.
Ajoûter créance, ajoûter foi à quelqu’un ; c’est-à-dire, Croire son témoignage, s’y confier. Fidem habere, adjungere. Toutes les sentences finissent ainsi : Et afin que foi soit ajoûtée aux présentes, nous y avons fait apposer notre scel.
AdJOUsTÉE, s. f. En termes de Géométrie, est une ligne prolongée, & ; à laquelle on ajoûte quelque chose. Adjuncta. Ainsi c’est un axiome, que si à des grandeurs égales, on ajoute des grandeurs inégales, l’excès de toutes sera le même, que l’excès des ajoûtées. Roh. C’est un autre axiome, que si une grandeur est double d’une autre, & l’ajoûtée de l’ajoûtée, le tout sera double du tout. Id.
ADIPEUX, euse. adj. Terme de Médecine, qui signifie gras. Pinguis, Obesus. Il se dit particulièrement d’un rameau qui sort d’un tronc de la veine cave, qui est un des cinq rameaux iliaques, qui va à la tunique extérieure des reins, parce qu’il est environné de graisse. La membrane appelée pannicule, est adipeuse dans l’homme, & charneuse aux bêtes. Cette membrane est la base des cellules adipeuses. Cellulæ adiposæ. Elle est double, & peut se diviser en deux parties ; l’une intérieure, dans laquelle sont plusieurs petites cellules pleines de graisse ; l’autre extérieure, que les Anatomistes ont confondue avec la membrane charneuse, parce qu’elle a un grand nombre de vaisseaux sanguins. Harris. C’est dans les espaces des fibres de la membrane adipeuse, ou graisseuse, & dans les petites cellules qu’elle forme, que la graisse s’embarrasse & se fige. Les membranes adipeuses sont le troisième des tégumens qui couvrent & environnent le corps. Dionis. Le même auteur appelle aussi la membrane des reins, adipeuse. Les conduits adipeux. Adiposi ductus. C’est ainsi qu’on nomme les sacs, ou vésicu|les adipeuses, qui portent l’adeps, ou la graisse dans les interstices des muscles, ou dans les parties entre chair & cuir. Id. Ce mot vient du Latin adeps, graisse.
ADIRER. v. a. Ancien terme de Palais. Egarer quelque titre ou papier. Amittere. Cette pièce étoit le fondement de mon procès, le malheur a voulu qu’elle ait été adirée. Adirer les pièces d’un procès. Il vaut mieux se servir d’égarer.
Quelques uns dérivent ce mot de aderrare, qui a signifié autrefois aberrare à via. Il y a plus d’apparence, disent quelques autres, qu’il vient de, trouver à dire, qui signifie manquer.