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Bochart a aussi remarqué dans son Phaleg. Liv. III. ch. 4. que ce qu’on appelle byssus étoit un lin fort délié, qui étoit souvent teint en pourpre. Pline assure que le bysse étoit une espèce de lin très-fin. Pausanias dit la même chose ; il remarque que dans toute la Grèce il ne croissoit de bysse qu’en Elide. Il faut qu’il y eût deux sortes de bysse, l’un beaucoup plus fin que l’autre ; car Bonfrérius remarque que de deux mots Hébreux qui signifient bysse, il y en a un qui est toujours employé dans l’Ecriture, quand il est parlé des vêtemens des Prêtres, & l’autre quand il est parlé des vêtemens des Lévites : cette conjecture paroît fort vraisemblable. Leidekker croit que le bysse étoit un lin fort fin & fort blanc.

BYZ.

BYZANCE, subst. m. Ville très-ancienne, capitale de la Thrace. Byzantium. On ne sait pas au juste quel est le fondateur, ou l’origine & le commencement de cette Ville. Plusieurs Historiens disent que c’est les Lacédémoniens qui l’ont bâtie. Justin, Liv. IX. ch. 1. en fait honneur à Pausanias Roi de Sparte. Isidore a copié Justin, mais le P. Cantel, dans ses Notes sur Justin, prétend que c’est là une erreur grossière de cet Historien, & que le fondateur de Byzance est Byzes ou Byzas, Général des Mégariens. C’est aussi le sentiment d’Eustathius dans ses Notes sur le Géographe Denys v. 800. & 801. où l’on pourra remarquer qu’en corrigeant Justin, le P. Cantel s’est aussi trompé ; car il ne fait qu’un seul homme de Byzes ou Byzas, Général des Mégariens, au lieu qu’Eustathius distingue Byzes de Byzas ; & selon lui Byzas étoit fils de Céroesse fille d’Io, & Byzes étoit un Mégarien, qui conduisit là une Colonie de ses Compatriotes, qui y bâtirent une Ville, qu’ils nommerent Byzance, du nom de leur Chef. Au reste, il semble qu’il faut plutot appeller ce fondateur Byzas que Byzes ; car les médailles de Byzance ont quelquefois d’un côté une tête d’homme avec ce mot pour légende, ΒΥΖΑΣ. Au revers une proue de vaisseau ΒΥΖΑΝΤΙΩΝ. Cette inscription du revers montre que ceux-là se trompent, qui, au rapport d’Eustathius au même endroit, disent que le nom Grec de cette Ville doit s’écrire par un ει, ΒΥΖΑΝΤΕΙΟΝ, & que Denys contre l’usage, & pour faire son vers avoit retranché l’ε, en disant Βυζάντιον. Au temps de Pline c’étoit une Ville libre, & cet Auteur ajoûte, Liv. IV. ch. 11. qu’avant que de s’appeller Byzance, son nom étoit Lygos. Eustathius dit que Sévère la nomma Antonia. Ensuite Constantin y ayant transporté le Siége de l’Empire au commencement du IVe siècle, il lui donna son nom, & ce fut désormais Constantinople, ou la nouvelle Rome. Enfin, les Turcs qui la prirent l’an 1453. ont fait de Constantinople Stamboul. Elle est située sur le Bosphore de Thrace, ou Canal de la mer noire, sur une langue de terre qui s’avance vers l’Anatolie, dont elle n’est séparée que par un canal large d’un mille. Ce promontoire s’appelloit autrefois Chrysoceras, Corne d’or. Dion dans Sévère, & Zonaras dans son Histoire, ont donné la description de


Byzance. Voyez encore les deux Tomes d’anciens morceaux de l’Histoire de Constantinople que le P. Banduri a fait imprimer depuis deux ans, & Petrus Gillius, De Topographia Constantinopoleos. ☞ Pline dit que son premier nom fut Ligos ; Hérodote & les autres anciens ne lui en donnent point d’autre que celui de Byzance, & quelques-uns croient que les Mégariens la bâtirent dix-sept ans après Calcédoine. Quant à moi, je serois plus volontiers de cette opinion que de celle de Justin, qui veut que Pausanias, Roi de Sparte, en soit le fondateur ; car il est constant, selon Thucydide, que lorsque ce Général Lacédémonien la prit sur les Perses, il y avoit déja 30 ans qu’ils s’en étoient rendus maîtres, après que Darius eut passé le Bosphore pour aller contre les Scythes. Du Loir, p. 40.

Il y a eu deux autres Villes de ce nom, l’une que Ptolémée place dans l’Inde en deçà du Gange ; & l’autre qu’Eustathius, à l’endroit que j’ai cité, place en Lybie.

BYZACÈNE, que quelques-uns écrivent BISACÈNE, ou BIZACÈNE, s. f. Byzacium, Byzacenus ager, Byzcena Provincia. Ancienne Province de l’Afrique propre, dont la Capitale étoit Adrumete. C’est maintenant la partie Méridionale du Royaume de Tunis. La Byzacène étoit un pays très-fertile, comme on le peut voir dans Pline, L. XVII. c. 5. L. XVIII. C. 10. dans Varron, De Re Rustica, Lib. I. C. 44. & dans Silius Italic. L. IX. v. 204. où on lit communément Buxencia, au lieu de Byzacia. Cette fertilité peu commune a fait croire à Bochart dans son Phaleg ; L. I. C. 25. que ce mot venoit du Phénicien, mammelle. Il confirme sa conjecture par l’usage des autres langues, qui se servent du terme qui signifie mammelle pour marquer la fertilité ; témoin Homère, Iliad. I. 141. & Virgile 2. Georg. v. 185. Procope parle d’une Ville de la Byzacène nommée Mamma. La Byzacène fut aussi dans la suite une Province Ecclésiastique.

BYZANTIN, ine, adj. Qui est de Byzance, c’est-à-dire, de Constantinople. Byzantinus, Byzantius. Plusieurs personnages célèbres dans l’antiquité ont porté le surnom de Byzantin. Etienne Byzantin, Auteur d’un Dictionnaire Géographique en Grec. Léon Byzantin, Théodore Byzantin, disciples de Platon l’un & l’autre ; Théodore Byzantin, Hérétique du IIe siècle, qui après avoir apostasié par la crainte de la persécution, se fit Hérétique, & nia la divinité de J. C. Cependant en ces occasions on dit plutôt de Byzance que Byzantin. Etienne de Byzance, Théodore de Byzance, &c. Philippe ayant assiégé les Byzantins fut obligé de lever le siége pour aller faire la guerre aux Scythes. ☞ Il ne faut pas toûjours dire Byzantin, l’usage veut que l’on dise quelquefois de Byzance ; par exemple : On ne dit point Etienne Byzantin, mais Etienne de Byzance, Auteur du livre, De Urbibus. On dit, l’Histoire Byzantine, & non pas de Byzance.

Byzantin, ou Turc, s. m. Terme de Fleuriste. Sorte d’Anémone, Anemone Byzantina, ou Turcica. Le Turc, ou Byzantin, est couleur de rose. Chom. Anemone roseo colore.


FIN DU PREMIER VOLUME