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1977 BUT BUT 1978

Butin, s. m. Se dit figurément de tout ce qui est enlevé en quelque maniére & par quelque chose que ce soit, par un torrent, une inondation.

Et le torrent enflè du tribut des montagnes,
Plus enflé du butin enlevé des campagnes. P. le M.

C'est un diminutif du bas Allemand bute, qui signifie la même chose.

Butin, se dit aussi des voleurs. On a attrapé ces Bohémiens, & on s'est saisi de tout leur butin.

BUTINER, v. act. absolu. Faire du butin. Prædari, prædam facere. Ce pays est gras, il y aura bien à butiner. Ces troupes ont butiné beaucoup, mais elles n'ont pû profiter de leur butin.

On dit figurément & poëtiquement, que les abeilles vont butiner sur les fleurs.

BUTIREUX. Voyez BUTYREUX.

BUTOR, s. m. Gros oiseau, espèce de Héron fainéant & poltron, marqué de taches rousses en forme d'étoiles, d'où vient qu'on l'appelle Ardeola asterias. on l'appelle aussi taurus, ou bos-taurus, à cause que quand il crie le bec plongé dans la boue, il fait un bruit qui imite le mugissement du taureau, qu'on entend de demie-lieue. C'est de là qu'est dérivé le nom de butor. Lorsque le butor approche de quelqu'un, il essaye de lui crever les yeux. Belon. Il y a deux espèces de butor. Le grand butor rougeâtre, & le butor hupé.

Grand Butor rougeatre. Ardea stellaris major. Est un oiseau qui approche fort du naturel du Héron ; mais il n'est ni si bon ni si estimé. Il est toujours à la queue des étangs, & se cache dans les roseaux & les joncs, ne vivant que de poisson, de grenouilles, & des insectes qu'il y rencontre. Cet oiseau a quantité d'amers aussi-bien que le Héron. Quelques-uns font cas de sa chair ; mais elle sent trop la sauvagine. Son bec est très-dangereux ; il s'en défend parfaitement bien. Pour sa figure, il est de la grandeur d'un Héron ; mais ses jambes sont plus courtes. Il a les plumes rouannes, marquetées de taches brunes par le travers : son cou est long d'un pied & demi, bien environné de plumes pâles, marquées de taches noires ; il en est mieux garni dessus que dessous. Les plumes qui couvrent le dessus de sa tête sont noires. Il a les trous des ouies larges, & environnés de petites plumes fauves. Son bec est droit, & plus petit de beaucoup que celui du Héron, n'étant que de cinq ou six doigts de longueur, d'une couleur entre le cendré & le plombé, & tranchant par les bords, gros comme le doigt & pointu par le bout, creux par dedans avec de petites entaillures. Sa partie d'enbas s'emboîte en celle de dessus, tellement qu'il semble quasi quarré avec des canelures par-dessus. Il est garni de plumes noirâtres, celles de dessus son bec sont blanchâtres ; ses ailes sont grandes, & contiennent vingt-quatre grosses pennes, & quatre en chaque petit aileron. Sa queue est courte, & composée de huit pennes à gros tuyaux ; il a les yeux rouges & ovales ; ses paupières sont sans poil ; ses jambes ont environ un pied de long ; elles sont d'une couleur entre le jaune & le plombé ; ses doigts sont grands aussi-bien que ses ongles, qui servent de cure-dents, les curieux les font quelquefois enchâsser richement, principalement celui de l'ergot. On l'appelle Galereau en Bretagne. Il fait son nid sur le haut des branches des hauts arbres, & le construit de bûchettes. Il fait trois ou quatre œufs. Quand il veut faire son cri il fourre son bec dans la bourbe, & fait un bruit que l'on entend de demi-lieue, comme si c'étoit le mugissement d'un bœuf. C'est à cause de cela que quelques-uns l'on appellé Taurus, c'est-à-dire, Taureau ; ou Bos-Taurus, Boeuf-Taureau ; & c'est de ce dernier nom Latin qu'est formé le François Butor.

Butor hupé. Ardea stellaris cirrata. Cet oiseau est de tous côtés d'une même couleur ; savoir, roussâtre, moins par le devant, & plus par-dessous. Ses jambes & ses pieds sont bruns ; son bec jaunâtre. Aldrovand dit qu'on en prit un dans les marais de Boulogne en Italie ; il avoit le bec d'une paume, de couleur de corne, droit & pointu : la mandibule de dessus étoit un peu courbée vers la fin, & plus longue que celle d'en-bas, avec quelque noirceur. Il avoit le sommet de la tête noir. Son cou étoit de cou-


leur de rouille, long de deux palmes. Il étoit noirâtre sur le dos. Il paroissoit encore tout jeune. Sa queue étoit pareillement noire ; le bas de son croupion étoit blanc ; sa queue étoit fort courte ; ses ailes étoient en partie de couleur de rouille, & en partie blanches ; ses jambes étoient longues de neuf pouces. Le cercle qui environne la prunelle de ses yeux étoit jaunâtre.

On dit figurément d'un homme stupide & mal-adroit, que c'est un gros butor ; parce que cet oiseau est sot & paresseux. Stupidus, stolidus, plumbeus, stipes. Peste soit du gros butor. Mol.

BUTORDE, s. f. Ce mot est purement satyrique, & ne peut être employé que dans le style bas & comique. Stupida, stolida. Il signifie une femme stupide mal-adroite, sans esprit. Voyez cette mal-adroite, cette bouvière, cette butorde. Mol.

BUTTE, s. f. Petit tertre, lieu un peu élevé au-dessus du rez de chaussée. Meta terrea. On a rasé la butte S. Roch pour y bâtir des maisons. Ils apperçurent une butte occupée par les ennemis. Ablanc.

Butte, est aussi le jeu des Chevaliers de l'Arquebuse, la maison où tirent les Chevaliers de l'Arquebuse. Et l'on a dit la butte des Archers, la butte des Arbalêtriers, la butte des Arquebusiers. Les Rois des Buttes, qui étoient la même chose que les Rois des Arbalêtriers ou des Arquebusiers, c'est-à-dire, ceux qui avoient remporté le prix. Les Chefs des buttes. Voyez Le Maire Hist. d'Orleans, pag. 315.

Ceux que ton courage & tes charmes
Honoroient d'une belle mort,
S'estimoient heureux en leur sort
De servir de bute à tes armes. P. le M.

On appelle Poudre de butte, de la poudre à canon fort fine, pour charger les arquebuses de ceux qui tirent au blanc pour les prix, car ils font ces exercices ordinairement sur une butte. Pulvis nitratus tenuissimus, subtilissimus. Leur lice s'appelle aussi la butte.

Ménage dérive ce mot de botta, & botontinus, qui se trouvent chez les Latins en cette signification.

On dit figurément, Etre en butte à l'envie, à la médisance ; pour dire, Etre exposé aux traits de l'envie, de la médisance. Expositus ad invidiam, maledicentiam. Dès qu'on est trop sensible, on ne peut plus compter sur son repos, & l'on est en butte à tous ceux qui nous veulent chagriner. Bell. Le bien est en butte à ceux qui ne le font pas. Abb. d. l. Tr.

Cet illustre affligé ne veut pas dans sa chûte,
Laisser a tant de maux tant de peuples en butte. Breb.

Butte, en Architecture, se dit de la dernière pile d'un pont, qu'on appelle autrement la culée, qui est soutenue par un quai ou par les terres, & qui sert à arcbouter les dernières arcades. Erisma.

Butte. Terme de Jardinier. Motte de terre qu'on élève au pied d'un arbre nouvellement planté pour l'affermir, ou dans laquelle on plante l'arbre. Tumulus, tuberculum. Planter des arbres en butte, c'est les planter non pas dans un trou creusé au-dessous de la superficie, mais dans une motte ou élévation de terre que l'on a fait exprès au dessus de la superficie, afin de les y planter. In tumulis conserere, plantare. Cela se pratique à l'égard des petits arbres que l'on plante dans une terre trop humide, ou qui n'est pas encore égalée & mise de niveau avec le reste du terrein. La Quint. Il se dit aussi d'un amas de terre, ou de fumier, dont on couvre une plante, ou une herbe pendant l'hiver, pour la garantir de la gelée.

BUTTÉE, s. f. Terme de Maçonnerie. Massif de pierres dures, qui aux deux extrémités d'un pont, soutient la chaussée & résiste à la poussée des arcades. Moles saxea. On l'appelle aussi butte & culée. Acad. Fr.

BUTTIÈRE, s. f. Sorte d'Arquebuse qu'on appelle buttière, ou rainoise. Ferrea fistula. Elle ne diffère des autres qu'en ce qu'elle est plus grande & plus pesante. Les Chevaliers de l'Arquebuse se servent de buttières pour tirer l'oiseau & le prix.

BUTTER. Voyez BUTER.


I iiiii iij ☞ BUTU.