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En termes de Blason on appelle en Angleterre abattement, ou abattement d’honneur, une marque accidentelle ajoutée à l’Ecu, pour faire connoître une diminution de dignité, ou une marque d’honneur supprimée dans l’Ecu, en punition de quelque faute ou de quelque action diffammante. Cela se fait, ou en ajoutant quelque marque de diminution, ou en renversant tout l’Ecu. Harris.

☞ ABATTEUR. s. m. Qui abat. On dit d’un homme fort adroit au jeu de quilles, C’est un grand abatteur de bois. Il se dit au figuré en parlant d’un homme qui a fait de grandes choses en quelque genre que ce soit : mais plus ordinairement & par ironie, on le dit d’un homme qui se vante d’avoir fait ce qu’il n’a pas fait. Acad. Fr. 1740.

Les vents d'automne sont de grands abatteurs de fruits. La Quint.

ABATTIS. s. m. Démolition, renversement, ruine. Eversio, demolitio. Il y a eu un grand abattis de maisons par le tremblement de terre. Il y a plusieurs abattis de pierres dans cette carrière. Les carriers appellent ainsi la pierre qu'ils ont détachée, soit celle qui est bonne pour bâtir, soit celle de rebut. Il fut fait un grand abattis de bois en cette forêt par la tempête. Dejectus arborum.

Abattis. C’est aussi un terme de Carriers, qui signifie les pierres qu’ils détachent après avoir souchevé. Lapides loco moti.

Abattis, signifie, en termes de Vénerie, le chemin que se font les jeunes loups, lorsqu’en allant souvent au lieu où ils ont été nourris, ils abattent l’herbe. Luporum trames, vestigia.

Abattis, se dit aussi d'une grande tuerie de bêtes. Cædes pecorum.. Ce Chasseur a fait un grand abattis de gibier. Ce Boucher fait un grand abattis de bestiaux tous les ans. On dit aussi en cuisine, faire des potages d’abattis d'agneau, d’abattis de poulets d'Inde, &c. pour dire qu'on les fait avec des bouts d'ailes, foies, & autres menues parties & issues de ces volailles. Les Bouchers appellent abattis, les cuirs, graisses, tripes, & autres menues choses des bêtes qu'ils ont tuées.

Les Réglemens de Police portent, que les Tueries, ou Abattis des Bouchers seront hors les villes. De la Marre. En cet endroit, il semble signifier le lieu où un Boucher tue ses bestiaux.

ABATTRE. v. a. Renverser, démolir, faire tomber. Diruere, evertere. J’abats, tu abats, il abat, &c. Abattre une maison pour la rebâtir. Ce Lutteur a abattu son homme sous lui. Les ennemis en se retirant ont abattu le château & les fortifications de la place. Un vent violent abat quelquefois de grands arbres. On abat des noix avec une gaule. Un bon Chasseur abat bien du gibier. Abattre des quilles. Nicod dérive ce mot de à bas, adverbe local, composé de à & de bas. Il pourroit paroître plus ancien. On lit dans la Loi Salique, tit. 45. Si quis hominem de barco abattiderit ; c’est-à-dire, Si quelqu’un abat ou fait tomber un homme de dessus un arbre. On lit aussi dans les mêmes Loix, tit. 38. battiderit. Ainsi les François avoient déjà fait battere, ou battidere, & abbatere, du latin batuere, dans le même sens que nous disons, battre, & abattre ; & c’est de-là que ces deux noms nous sont venus, selon Chifflet, dans son Glossarium Salicum, pag. 125. & 135.

Abattre du bois, en termes de trictrac, c’est jouer les dames du talon, prendre des dames au talon pour en faire des cases. On le dit de même au jeu de quilles, pour abattre beaucoup de quilles.

Abattre les cuirs. Terme de Corroyeur. C’est les lever de dessus le corps des animaux, après qu’ils ont été tués.

Abattre un chapeau. Terme de Chapelier. C’est après qu’on a donné au chapeau l’apprêt, & qu’il est bien sec, en aplatir les bords & le dessus de la forme sur un bassin chaud, mais couvert de papier & de toile qu’on


arrose avec un goupillon.

Abattre, en termes de Marine, signifie Dériver, s’écarter de la vraie route. Declinare, deerrare. Ce qui se fait par la force des courans ou des marées, ou par les erreurs du pointage, ou par le mauvais gouvernement du timonier. On dit aussi qu’un Pilote abat son vaisseau d’un quart de rumb, & d’une autre aire de vent, quand il vire ou change sa course, & gouverne sur un autre rumb que celui de sa route. On dit, abattre un navire ; pour dire, le faire obéir au vent, lorsqu’il est sur les voiles, ou qu’il présente trop l’avant au lieu d’où vient le vent. On dit, le navire abat, lorsque l’ancre a quitté le fond, & que le vaisseau obéit au vent pour arriver. Aller à la dérive, s’appelle aussi abattre : c’est quand on va de côté au gré du vent & de la marée, au lieu d’aller en droiture. On dit aussi, Abattre un vaisseau sur le côté, lorsqu’on veut travailler à la carène, ou en quelqu’endroit des œuvres vives.

En termes de Fauconnerie on dit, Abattre l’oiseau ; pour dire, le tenir serré entre les mains, s’en rendre le maître pour le poivrer, ou lui donner quelque médicament. On dit encore, que l’oiseau de proie s’abat, lorsqu’il s’abaisse vers terre.

Abattre, se dit figurément en Morale, pour vaincre, dompter, renverser. Comprimere, reprimere, dejicere, sternere, prosternere. ; abattre l'orgueil de quelqu'un. Quand la mort abat la plus florissante jeunesse, alors on reconnoît la vanité des attraits du monde. Il signifie aussi accabler, & se dit des troubles & des afflictions de l'ame & du corps. Debilitare, frangere.. Ce changement de fortune lui a abattu l'esprit & le courage. Il s'est laissé vaincre & abattre à la douleur. Quand il se met avec le pronom personnel, il signifie perdre courage. Dimittere & contrahere animum. Contrahi ac dimitti animo. Il ne s’abat point dans l'adversité. Ablanc. Se laisser abattre dans la moindre affliction. Id.

On dit dans la conversation, Abattre le caquet, pour dire, réprimer la fierté & la présomption de quelqu’un, le faire taire, l’obliger à baisser le ton. Loquacitatem, linguam comprimere, coërcere.

On dit proverbialement que petite pluie abat grand vent, ce qui signifie au propre, qu’une petite pluie fait cesser un grand vent ; & au figuré, que peu de chose calme une grande colère, fait cesser un grand emportement. On dit aussi figurément & familièrement d’un homme qui expédie beaucoup d’affaires, qu’il abat bien du bois.

Abattu, ue. part. pass. & adj. Dirutus, eversus. Maison abattue. Bois abattus.

Abattu, dans les ouvrages des anciens Praticiens, veut dire, rabattu, déduit. Remissus, deductus, detractus. En toutes choses qui sont comptées pour héritages, li coûts devoient être abattus. Baumanoir.

Figurément il signifie, Accablé, vaincu, terrassé. Debilitatus, fractus, victus. Jupiter ne pouvoit rien voir de plus beau que Caton, se soutenant dans un parti abattu, & demeurant ferme parmi les ruines de la République. Bouh. L’esprit abattu par les soins rongeurs de la pauvreté, n’est guère capable de mouvemens nobles & élevés. S. Evr. On voit l’orgueil à ses pieds abattu. Gomb. Il signifie encore, Être languissant & sans courage. Je me sens tout abattu. Languidus, debilis. Quelques-uns ont écrit abbattre, & abbatu par deux bb. Une Religion qui sans autres forces que celles de la persuasion, de l'humilité de la charité, de la patience, & des souffrances, a vaincu le monde, subjugué la raison humaine, dompté l'orgueil des Philosophes, abbatu l'audace des Princes, foulé aux pieds la chair & le sang qui lui résistoient, ne peut s'être établie que par une suite de miracles de votre main. {{sc[Peliss.}} L'origine de ce mot montre qu'il ne faut qu'un b ; mais quoiqu'il en soit, de la manière dont on l'écrira, il ne faut prononcer qu'un b.

ABATTURE. s. f. Dejectio, dejectus, eversio. Vieux mot qui s’est dit pour Abattis, action d’abattre, & pour ce qui est abattu. Abatture de gland. Monet.

ABATTURES. s. f. plur. Terme de Vénerie. Foulures, menu bois, broussailles, fougère, que le cerf abat du bas de son ventre en passant. Depressio virgultorum. On connoît le cerf par ses abattures.

☞ ABATUE. s. f. Terme d’Architecture. C’est la distance horizontale de la naissance d’un arc à la perpendiculaire, qui tombe d’une division de cet arc, ou de son extrémité


B ij supérieure