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AET — AEU AFF


Il dit que la Sicile est toute creuse, & par conséquent pleine d’air & de vents souterrains ; que le choc de ces vents produit du feu ; que ces cavernes sont pleines de soufre & de bitume, auxquels le feu s’attache, & que c’est la cause de ces feux que l’Ætna jette de temps en temps.

Ce mot Ætna, selon Bochart dans son Chanaan, C. 28, vient du mot hébreux אתונא, Attuna, qui signifie, fournaise, ou Æthuna, obscurité. Ceux qui ont le mieux décrit le mont Ætna, ou qui en ont le mieux parlé, sont Virgile, Enéide, L. III. v. 571. Lucrèce, L. VI. v. 680. Ovid. Met. L. XV. v. 340. Silius Italicus, L. XIV. v. 67. Claudien, L. I. de Rap. Pros. Justin à l’endroit que j’ai cité, Leandro Albetti dans sa Sicile, Cluvier, Bembo dans un Dialogue exprès, Natalis Comes, L. XVII & XXX. Ant. Philotheus de homodeis, Ætna. Topographia. Pour jeter des feux & des flammes, & quelquefois des fleuves de feu, le mont Ætna n’en est pas moins fertile. Il est couvert de bois & de vignes, & quelquefois de neiges & de glaces, ainsi que disent Silius Italicus & Claudien, Pindare Pyth. I.

C’est ainsi que d’Aetna, la caverne bruyante
Vomit avec horreur une flamme ondoyante,
Ou plutôt c’est ainsi que Typhon en courroux
Fait trembler Inarime, & fondre les cailloux. Bred.


Lors qu’avecque le soufre & les rochers brûlans
Etna semble sortir lui même de ses flancs. Id.


Et l’Etna vomissant le soufre & les cailloux,
Est moins impetueux que l’Anton en courroux. Id.

On écrit communément Etna, comme on le voit par ces exemples. Une belle Ode à M. Fagon sur le Quinquina, dit, en parlant de la fièvre.

<poem class="verse" >
Dis-nous quel est ce monstre armé de feux cruels,
Caché dans notre sein, à nos yeux invisible ?
Quel Etna ! quel gouffre d’horreur !
Dis-nous où s’alluma sa torche meurtrière ?
A ce traître ennemi quels chemins sont ouverts ?
Descend-il du Ciel en colère,
Ou sort-il du fond des enfers ?

ÆTHON. s. m. C’est le nom d’un des quatre chevaux du soleil qui précipitèrent Phaéton, selon Ovide. Son nom signifie l’Ardent, de αἴθω, ardeo, je brûle. Claudien donne le même nom à un des chevaux du char de Pluton, sans doute qu’il donne à ce nom une autre origine : d’αἰθός, noir.

AËTIEN, enne. s. m. & f. Aëtianus. Les Aëtiens étoient une Secte d’Ariens disciples d’Aëtius d’Antioche, surnommé l’Impie, qui fut d’abord Forgeron, ou, comme dit Philastrius, Orfévre, puis Sophiste, & ensuite Médecin, ou plutôt Charlatan. Les Aëtiens eurent ensuite divers noms ; on les appela, Purs Ariens, Eunoméens, Anoméens, Etérousiens, Troglodytes, ou Troglittes, Exomontiens, & Exaconites. Nous expliquerons ces mots en leur place.

☞ ÆTIOLOGIE. s. f. Terme dont se servent principalement les Médecins. Discours sur les causes, explication des causes d’une maladie, d’un effet physique, d’un phénomène. Ætiologia. Les loix de l’économie naturelle démentent-elles cette étiologie ? Traité de la Peste.

☞ On voit que le Médecin de qui nous avons tiré cet exemple, écrit étiologie. Ce mot vient du Grec αἰτία, cause, & λόγος, discours. Ainsi l’étimologie demande qu’on écrive ætiologie, & l’on ne voit pas pourquoi ce Médecin qui écrit œconomie & non pas économie, n’écrit pas aussi ætiologie, & cela dans la même phrase : car tout est égal de part & d’autre.

☞ Ce mot pourroit aussi signifier Traité des Causes.

AËTITES, autrement Pierre d’aigle. Voyez Aigle. Aëtites. Taurentius Bauschius a fait un Traité exprès de la pierre Aëtites, ou il assure qu’on ne la trouve point dans les nids d’aigles ; mais qu’on en rencontre sur des rivages, dans les champs, & sur des montagnes. Ce mot vient du


grec ἄετος, qui signifie aigle. On ne sauroit creuser quelques pieds en terre à Trévoux, sans trouver des lits considérables de pierres d’aigle, dont les unes n’ont qu’un noyau, d’autres en contiennent jusqu’à trois ; il y en a de différente grosseur & de différente figure, & presque toutes sont composées de deux ou trois couches de terre semblable à de la terre cuite : la dernière sur-tout, c’est-à-dire, celle qui est la plus intérieure. Ces pierres sont dans leur origine molles, de la consistance & de la couleur de l’ocre jaune, & presque toujours à plusieurs couches.

AEU.

AEURER. Vieux mot, qui veut dire, Prier : il vient d’orare.

AEX.

AEX. s. f. C’est le nom d’une des nourrices de Jupiter, qui fut placée parmi les astres.

AFE.

AFEULER. v. a. Vieux mot. D’autres disent affuler. Se mettre sur la tête quelque espèce de coiffure.

Il prend son chapeau, & l’afeule.

☞ Il vient du latin infula, sorte de coiffure. Infulare.

AFF.

AFFABILITÉ, s. f. Honnêteté avec laquelle un supérieur reçoit son inférieur, & se communique à lui. Abord doux & facile à l’égard de nos inférieurs qui ont à nous parler. Affabilitas. Ce mot vient du latin. Il se dit rarement d’égal à égal, & jamais d’inférieur à supérieur. L’affabilité des grands n’est qu’une vertu artificieuse, elle sert à leurs desseins & à leurs projets d’ambition. M. Esp. Jamais homme avec tant de grandeur, n’a allié tant d’affabilité à tant de douceur. Bourd. L’affabilité des personnes de qualité sans mérite, est une bassesse d’ame, & une incapacité de tenir leur rang. M. Esp. Heureux celui qui dans son affabilité naturelle trouve des dispositions favorables à la bénignité chrétienne. Le P. Gail. Patru avoit beaucoup d’antipathie pour affabilité : il est françois, disoit-il, mais laissons le dire aux autres.

AFFABLE. adj. m. & f. Affabilis. Ce mot vient du latin, & signifie, Celui qui parle à ses inférieurs d’une manière douce, honnête, engageante, & qui les écoute de même, sans avoir rien dans ses regards, ni dans ses gestes, de rude ni de rebutant pour eux. Il commence un peu à vieillir : cependant il y a des gens de mérite qui s'en servent, & qui croient pouvoir lui redonner cours dans le bel usage.

Il est civil, accostable,
Doux, bénin, courtois, affable. Ménag.

Quoiqu’il fût occupé de grandes affaires, & de plus très affable & très-civil, il ne laissoit pas d’être toujours recueilli. Ab. Reg.

Lui, parmi ses transports, affable
& sans orgueil. Racin.

Cependant, quoique ce mot fut usité du temps de M. Patru, il avoit de la peine à le souffrir. Il, le laissoit dire aux autres, & ne s’en servoit jamais.

AFFABLEMENT. adv. D’une manière affable. Affabiliter, Humaniter. Il faut recevoir affablement les moindres personnes. Ce mot n’est presque plus en usage. Ceux qui écrivent poliment, préféreront toujours, Civilement, honnêtement, à affablement.

AFFADIR. v. act. Rendre fade & insipide, ôter toute sorte de saveur. Saporem detrahere. On a affadi cette viande en la faisant trop bouillir. affadir un ragoût, une sauce, en y mêlant quelque chose de doux.

Il se dit figurément en parlant des ouvrages d’esprit. Affadir


un