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90 LA PÉRIODE COLONIALE {1607-1764)

en vue d’améliorations matérielles qu’en vue d’améliorations morales, c’est encore lui qui sut « détourner la foudre du ciel et arracher le sceptre aux mains des tvrans».

Il est à peine besoin de parler des exploits internationaux de Franklin comme agent colonial à Londres, comme diplomate républicain assurant le triomphe du Nouveau-Monde sur les conservateurs de l’ancien. Il accepta avec tranquillité les honneurs dont on l’accabla, se montra l’égal des grands d’Angleterre et de France qui le reconnurent comme un distingué citoyen de la république de la pensée, de même que ses lettres, pamphlets politiques et dialogues satiriques prouvèrent la même maîtrise qu’il avait déjà révélée dans le domaine scientifique. A sa mort, en 1790, il s’était affirmé un non moins habile homme d’Etat. C’est le type accompli de l’Américain fils de ses œuvres, et de plus l’avocat de l’émancipation des droits de l’homme dans la meilleure et la plus entière acception du mot ; sa mémoire demeure inséparable de celle de Lincoln.

Comme homme de lettres, Franklin est l’un des rares Américains qui peuvent prétendre au titre de classique universel, et cela bien qu’il ne se soit pas voué d’abord à la littérature. Ses écrits ont survécu, alors c[ue ceux d’écrivains plus soucieux de leur style sont oubliés ; cela tient surtout h ce que, quand il se mêlait de prendre la plume, c’est sa personnalité tout entière, non pas seulement ses actes et ses idées, qu’il nous révélait. Le monde s’est toujours montré particulièrement reconnaissant de pareilles révélations ; on continuera a lire Franklin, tout comme on lit Benvenulo Cellini, honorant l’un comme un sage et l’autre comme un artiste, sans se préoccuper de l’hommage qu’on rend aussi, chez tous les deux, à l’écrivain.