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LA PROSE DE LA DERNIÈRE PÉRIODE COLONIALE 89

Pétulant trente-quatre ans, la vie de Franklin est désormais liée à l’histoire de Philadelphie, ou plutôt de la Pennsylvanie. Après un voyage en Angleterre et quelques caprices de jeunesse, il fixe son choix sur une existence où rintéret personnel, pour la plus petite part, et le souci éclairé des choses publiques s’harmonisaient heureusement.

En 173.3 il publia le premier almanach dans lequel l’immortel Richard Saundcrs adresse son salut à un monde extravagant, et commence h prêcher le bonheur dans la paix et le contentement. Environ quatre-vingt-dix ans plus tard, Balzac ne trouva rien de mieux que de convertir le maiffre moraliste américain en un cfras vicaire français. Ceci est une preuve entre toutes que le créateur du « Bonhomme Richard » et du « Père Abraham » était déjà vraiment un homme de lettres, bien que ni lui ni les milliers de gens qui conviennent avec lui qu’un point l’ait ii temps en épargne neuf, ne s’en soient jamais doutés. Franklin s’appliqua h suivre les conseils de la simple sagesse, et on peut dire qu’il y excella. Mais ceux-là même qui l’admirent le plus doivent admettre qu’il céda à une lâcheuse inspiration quand il entreprit de reviser l’Oraison Dominicale.

Cette entreprise incompréhensible ne fut cependant au fond qu’une malheureuse manifestation de son humanitarisme. 11 faut modifier l’Oraison Dominicale, se disait-il, pour l’adapter aux besoins du jour. Quelque malencontreux qu’ait été ce raisonnement, ses critiques ne devront jamais oublier qu’il reste à son actif, outre son système pour arriver à la « perfection morale », l’établissement d’un corps de pompiers^ d’une bibliothèque publique, d’une académie, d’un collège et d’un office postal. Ils n’oublieront pas que s’il fit autant d’efforts