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LA PROSE DE LA DERMKHF PERIODE COLONIALE 83

« Grand Réveil » ; ce sont A Narratii>e of Siirprising Conversions, longue épître adressée à Colman (173G), et Thoughts on the Revival ofBelii^ion in New England(il^2). Les spécialistes peuvent seuls se mêler de critiquer ces ouvrages éminents, mais il est permis de dire que, même pour les profanes, l’auteur de la lettre à Colman n’est pas un scolastique, faiseur de miracles comme Cotton Mather, mais un observateur et un psychologue des plus pénétrants, même alors qu’il croit sérieusement que l’esprit de Dieu a pu se manifester visiblement dans la très étonnante conversion d’un enfant de quatre ans.

Aujourd’hui, ceux qui veulent réveiller des sentiments relicrieux usent encore du ton comminatoire dans leurs sermons ; il n’est pas surprenant qu’Edwards, en bon calviniste confiant dans la puissance divine, ait renchéri sur les tableaux sinistres des horreurs de la damnation tracés par ses prédécesseurs et par lui-même, ce matin de juillet 1741, en plein milieu du second « Réveil », dans son fameux sermon d’Enfield. Il est fort possible que ce sermon ait produit les effets qu’on lui attribue couramment, quoique le grand prédicateur l’ait lu sans doute posément, en s’abstenant des artifices employés par ses successeurs. Ces pages sont empreintes d’une imagination d’autant plus efficace qu’elle est plus retenue. Il y a plus de traits communs entre l’auteur de Lear et le prédicateur d’Enfield que ne l’ont pensé bien des lecteurs et des critiques ; et cependant ils n’ont, à les écouter, aucun rapport entre eux. Sans le secours d’une parfaite mise en scène et de somptueux costumes, le spectateur, sous le règne d’Elisabeth, put donner un libre cours à son imagination et, nous n’en pouvons douter, fut tout de bon enlevé par le tourbillon de la fureur de Lear ; le fidèle du Connecticul, qui se rendait à l’église,