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LA PROSE DR LA DERNlÙUE PERIODE COLONIALE 81

Augustin et Calvin ; l ;i précocité de son génie connaît peu de rivaux ; sa puissance intellectuelle peut presque être comparée à celle de Léonard ou de Pascal. Encore ces comparaisons ne lui sonl-elles pas avantageuses, car elles ne semblent pas avoir trait au principal élément de l’inlluence qu’il exerça sur ses contemporains et sur la postérité. La suprrnie source de cette puissance paraît être son extraordinaire faculté d’analyse et de logique, et cette constatation suggère aussitôt une comparaison, non pas avec un étranger, mais avec un autre Américain, diplômé d’Yale Collège, le grand théoricien politique John C. Calhoun. La théologie d’Edwards, les théories politiques de Calhoun sont, aujourd’hui, également insoutenables, mais dès qu’on a admis leurs prémisses, il est impossible de se dérober à la rigueur de leurs conclusions. Edwards, cependant, lut plus homme de lettres que Calhoun et c’est ce qui nous autorise à lui prêter ici plus d’attention que nous ne pourrions lui en donner pour ses seules capacités de théologien métaphysicien.

Jonathan Edwards, qui naquit h East Windsor, Connecticut, le 5 octobre 1703, fut véritablement un « enfant prodige ». Il commença à lire remarquablement tôt et h dix ans il écrivait déjà contre la doctrine de la matérialité de l’âme. A douze ans, il envoya h un correspondant de son père en Europe une minutieuse étude sur la « merveilleuse méthode de travail de l’araignée ». En 1716 il entra au collège d’Yale et obtint le diplôme quatre ans après, avec un bagage de philosophie naturelle et raisonnée, dont il était redevable à ses propres méditations plus qu’aux leçons de ses professeurs. C’est encore actuellement une question de savoir à qui, de Malebranche ou de Berkeley, l’on peut attribuer la philosophie idéaliste de ses notes de jeunesse. Il est clair,

LITTÉRATUnE AMÉRICAINE. "