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80 LA PERIODE COLONIALE (1607-1764)

(Colombie), ami de Berkeley, et philosophe de renom. Citons encore Alexander Garden, de Charleston, et l’éloquent Samuel Davies, qui, pasteur en Virginie, prophétisa la gloire de « ce jeune héros, le colonel Washington ». Plus considérable encore fut le courageux John Wise (1652?-1725), d’Ipswich, qui détendit les églises et les laïques contre la hiérarchie représentée par les Mathers, dans deux recueils assez brefs où se révèlent de sérieuses connaissances religieuses et politiques, en même temps qu’on y trouve de l’esprit, de l’imagination et une puissance d’invective quasi iniltonienne. Mais nous devons laisser dans l’ombre Wise lui-même, en présence du plus notable de tous ces théologiens des colonies, l’exilé de Northampton.

On ne peut accuser la postérité de n’avoir pas rendu justice à Jonathan EDWARDS. Ceux qui n’ont jamais lu une ligne des compacts volumes qui renferment la plupart de ses « Œuvres » associent du moins son nom à un acerbe sermon, ou plutôt à l’émotion qu’il produisit. Aucun Américain, sauf peut-être Franklin, n’a autant remué les pensées du monde ; du moins est-il certain qu’aucun Américain ne possède une réputation de métaphysicien aussi puissamment établie. Ses fervents admirateurs, avec toutes les apparences de la plus parfaite bonne foi, établissent d’intéressants parallèles entre sa carrière et son génie, d’une part, et, d’autre part, la carrière et le génie de Dante, — simplement.

Un tel parallèle n’est pas absurde, mais il n’est pas douteux que, dans l’histoire intellectuelle, le grand Florentin laisse bien loin derrière lui le grand prédicateur métaphysicien. Ce que l’on peut dire, c’est qu’Edwards tient un bon rang parmi les hauts théologiens, avec saint