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LA PUOSE DE LA DEIlMliKE PERIODE COLONIALE 71

tard ; les idées et les conceptions de ses écrivains représentent un mouvement à son apogée, et elles ont, de ce lait, pour la postérité, une valeur plus grande que les idées et les conceptions d’une génération qui se contentait d’un niveau intellectuel moins élevé et reconnaissait plus ou moins consciemment son infériorité coloniale. Avec sa rudesse, Thomas Hooker mérite plus d’attention que Benjamin Colman, dont le style élégant et raffiné ne surpasse en rien ce qui s’écrivait à Londres. De même le capitaine Edward Johnson est un historien plus intéressant que Thomas Prince, encore que celui-ci soit plus scientifique et plus digne de foi. Ces points bien établis, il s’ensuit que toute la prose de quelque importance produite par les colonies, pendant plus d’un demi-siècle, peut être traitée intégralement en moins de lignes qu’il n’en faudrait pour discuter d’une manière satisfaisante un seul des grands maîtres contemporains de la Grande-Bretagne. Car il ne faut pas oublier que Jonathan Edwards, si grand qu’il fût intellectuellement, n’était pas en principe un littérateur, et qu’une pareille remarque peut également s’appliquer à Franklin.

La sécularisation intellectuelle de la Nouvelle-Angleterre, sa descente des hauteurs spirituelles dans les plaines du bon sens pratique, au milieu desquelles le Yankee-type a depuis longtemps élu domicile, est parfaitement mise en relief dans un livre qui fut publié à Londres la dernière année du xvii" siècle : les More Wonders of the Invisilde World, de Robert Calef. Ce traité prosaïque fournit un utile antidote aux fantastiques élucubrations de Colton Mather sur l’épidémie de sorcellerie. Un exemple également important de cette sécularisation apparaît la même année dans la brochure in-folio de trois pages du juge Sewall, intitulée The