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70 LA PÉIUOUE COLONIALE (1607-1764)

qu’il soit possible de lui trouver des successeurs doués d’une urbanité plus grande.

Mais que devient la prose américaine pendant cette période qui fut, moins encore que la période correspondante en Angleterre, propice h l’imagination poétique ? Son principal historien, le professeur Tyler, a trouvé le moyen d’en dire beaucoup de bien ; il a découvert des auteurs qui avaient été injustement oubliés et il a conclu que des progrès considérables avaient été accomplis sur l’œuvre du xvii^ siècle. Il semble que sous bien des rapports il ait eu raison. 11 fut excellent pour les Américains et leur littérature que la pensée ait pu graduellement parvenir à se laïciser. Il fut excellent aussi que l’isolement de la Nouvelle-Angleterre ait pris fin, même au prix d’un sentiment de dépendance en matière de goût. 11 fut excellent, au point de vue du style, que l’ancienne prose redondante des grands théologiens ait cédé le pas h celle, plus simple et plus lucide, de leurs moins vigoureux successeurs. Sur tous ces points, la prose américaine montrait vers 1764 un progrès appréciable. Nous pouvons à présent constater que ce progrès était plus grand encore. La venue de Jonathan Edwards et de Benjamin Franklin est une preuve que les colonies pouvaient produire des penseurs d’une grande originalité et d’une réelle puissance.

Cependant, tout en admettant l’importance d’Edwards et de Franklin, et les avantages résultant de la laïcisation de la pensée et de la simplification du style, il est encore à craindre que la prose américaine de 1701 a 1764 ne soit pas digne d’autant d’attention que celle des soixante-quatre années précédentes. La Nouvelle-Angleterre des beaux jours du puritanisme est à elle seule plus intéressante que l’ensemble des colonies un demi-siècle plus