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LA POÉSIE PENDANT LA DERNIÈRE PÉRIODE COLONIALE 61

Chevy Chase. Peut-être le gouverneur Roger Wolcott, major général et juge suprême du Connecticut, eût-il conscience de celte infériorité quand il écrivit sou faux poème épique intitulé : .1 Drief Account of tlic Agency of the Honorable John Winthroj), Iistjiiirc, in tlie Court of Kini^ Charles II, A. D. 1(jIj2 when he obtained a Charter for the Colony of Connecticut. Il est surprenant qu’il ne l’ait pas appelé The Winthropiad. Mais il est moins surprenant que cette œuvre informe, comprenant 1 500 vers, et le reste de ses Méditations (1725) n’aient été pendant longtemps connus que des historiens. L’influence de Pope est responsable d’un grand nombre de sottises rcorettables en matière de versification : mais elle n’a probablement rien produit de pire que, dans le poème de Wolcott, le discours soigneusement élaboré où Winthrop décrit h Charles II la fondation et les origines historiques du Connecticut.

Si l’admiration publique fut épargnée à ce chef-d’œuvre de Wolcott, il n’en fut pas de même des vers du Rév. John Seccomb. Lorsqu’il étudiait h Harvard, en 1730, celui-ci écrivit sur la mort d’un employé subalterne du collège quelques strophes humoristiques qui plurent tellement au gouverneur Belcher qu’il les envoya en Angleterre, où elles parurent a la fois dans The Gentlemans et dans The London Magazine. Naturellement, puisqu’on regardait comme de simples facéties les compositions de ce genre — tel, par exemple, l’inventaire que fit le D"" Sheridan des richesses de Swift — les lecteurs britanniques ne manquèrent pas d’estimer que cette pièce, transmise officiellement, devait représenter le niveau de la culture américaine du temps.

Après ces méritoires efforts pour ridiculiser inconsciemment la littérature de son pays, Seccomb garda un