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58 LA PÉRIODE COLONIALE (1607-1764)

John Smith écrivait sa True Relation, Shakespeare écrivait probablement son Antoine et Cléopàtre. Lorsque Cotton Mather écrivait ParentatoVy Pope s’occupait d’éditer Shakespeare. Shakespeare et Smith avaient des traits de ressemblance, de même que Smith et Mather, en matière de style ; mais quels sont les points de ressemblance entre Pope et Shakespeare ? Comme nous l’avons remarqué déjà, une étude minutieuse des écrivains coloniaux révèle, de l autre côté de l’Atlantique, des traces des nouvelles écoles littéraires, à mesure qu’elles se développaient en Angleterre. Waller et Dryden, plus ou moins indirectement, furent les maîtres des poètes coloniaux et ils cédèrent la place, plus tard, h Pope et même, hélas ! à Blackmore. Mais on ne trouve pas entre les écrivains coloniaux du xvii^ et de la première moitié du xviif siècle une diiFérence aussi absolue d’esprit et de qualité que celle que l’on observe entre les écrivains britanniques contemporains de la vieillesse de Ben Jonson et les contemporains de la jeunesse de Grav. Ce qui n’est quin changement en Amérique l’ut une révolution en Ancrleterre. Les historiens ont remarqué que le solide John Bull est en somme une création du siècle qui suivit la restauration des Stuarts ; Jonathan, le malin, se retrouve dans des hommes comme le Juge Sewall et Franklin, mais il est plus particulièrement la création du siècle qui suivit la révolution américaine. On prétend que les colons qui s’opposèrent à l’établissement des droits de timbre se rapprochaient davantage des Anglais récalcitrants l’impôt pour la construction des navires, que la plupart des propres sujets de George III. Ce lait est probablement exact, ainsi que le reconnurent les patriotes eux-mêmes ; et il est exact, non pas simplement parce qu’il n’y eut guère