Page:Trent - Litterature americaine.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA POESIE PENDANT LA DF.RNII-RE PERIODE COLONIALE 57

alTaiblissemenl sensible de cette préoccupation du salut dans le monde à venir, de cette saturation divine qui avaient répandu comme une teinte de poésie sur les annales des générations antérieures. De petites expéditions guerrières, d’habiles entreprises mercantiles, n’étaient guère propres à inspirer une littérature de grande valeur. Et ce ne sont pas les conditions d’existence des colonies du Centie et du Sud qui auraient pu produire ce désirable résultat, alors même que le développement de la société urbaine à Philadelphie eût pu encourager Franklin et un petit nombre de satellites à entrer dans cette voie. Querelles entre gouverneurs royaux et assemblées coloniales, conflits à propos de limites, défense de ses privilèges, efforts pour se soustraire aux règlements de la navio-ation, émission de papier-monnaie, tout cela n’avait guère le don de provoquer un chant lyrique. Quand les pirates furent anéantis, le pionnier et l’Indien restèrent presque les deux seules figures pittoresques, mais avant que Cooper vînt créer Natty Bumpo et Chingachgook, plus de soixante années devaient s’écouler. Certes notre imagination s’enflamme quand nous nous représentons le gouverneur Spotswood et son escorte d’explorateurs Cavaliers, Balboas au petit pied contemplant des hauteurs de la Chaîne Bleue la souriante vallée de Virginie ; mais il n’y eut alors aucun poète pour chanter leur gloire. Bien plus, si l’on en croit l’histoire, le vieux gouverneur ne trouva qu’un roi soupçonneux et ingrat, qui ne se souciait pas de créer un nouvel ordre de Chevaliers du Fer-à-Cheval dans le pays vierge.

Cette allusion à George P nous rappelle d’ailleurs qu’un changement plus sensible encore était apparu dans la littérature de la mère-patrie. Lorsque le capitaine