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56 LA PÉRIODE COLONIALE (1607-1764)

autres souches originelles, et la fertilité du sol, les cours d’eaux abondants et Tavantage de leur situation géographique donnèrent aux colonies du Centre une importance plus grande que n’en pouvait avoir la Nouvelle-Angleterre, plus isolée. Philadelphie devint et resta jusqu’à la fin du siècle la ville la plus prospère de tout le continent. Dans les colonies du Sud, peu non plus de changements appréciables ; elles restent des assemblages de plantations exploitées par d’aristocratiques propriétaires d’esclaves. A vrai dire, la population était plus dense dans le sud que dans les autres régions, surtout après les troubles des deux Carolines et la fondation de la Géorgie (1733) ; mais la présence d’un grand nombre de nègres et l’absence de diversité dans les occupations mirent les colonies du Sud h l’arrière-plan, pour ainsi dire, jusqu’à ce que la guerre avec les Français et la rébellion contre la Grande-Bretaffne eussent fourni un champ d’activité à ces précieuses qualités de direction et de commandement dont les aristocraties ne sont jamais dépourvues.

Nous ne serons pas surpris de constater que la littérature de cette période, à part l’œuvre de Franklin et celle d’Edwards, possède un intérêt intrinsèque moins considérable que celle du siècle précédent. La Nouvelle-Angleterre, qui a produit la plupart des écrivains et des livres que nous avons eu l’occasion de mentionner, a perdu beaucoup de son ardeur imaginative et commence à s’intéresser moins à ses sermons qu’à ses cargaisons — caroraisons d’esclaves souvent et de matériaux destinés à ses manufactures de rhum. Non pas qu’elle ait rien perdu de sa vaillance morale — la Révolution devait le prouver

— mais jusqu’à cette résurrection religieuse connue sous le nom de « Grand Réveil », et même après, il y eut un