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44 LA PEItlODE COLONIALE (1607-1764)

Levde exercèrent peut-être une plus large influence que les exilés des colonies ou leurs controversistes dans la prépondérance d’une école politique qui se prononça pour la liberté de conscience ». Mais il est également vrai que les hommes ont toujours eu tendance h associer les grandes œuvres aux noms des grandes personnalités, et assurément aucun apôtre de la tolérance n’a, plus que Roger Williams, défendu éloquemment sa doctrine par ses actes et ses écrits tout ensemble. Ses coreligionnaires, les Baptistes, et les citoyens du petit Etat qu’il fonda, ont de nombreuses raisons pour cultiver son souvenir ; mais la race humaine tout entière en a de plus profondes.

On ne peut relater que quelques laits saillants de son existence mouvementée. Obscur habitant de Londres, né vers 1607, il obtint on ne sait comment la protection de Sir Edward Coke et fut élevé au Charterhouse et au Pembroke Collège, i» Cambridge. 11 entra dans les ordres mais se rattacha à Cotton et à Hooker plus qu’à Laud, et par suite il jugea prudent de s’embarquer pour Boston en 1631. Sans entrer dans le détail de ses démêlés avec les autorités du Massachusetts et de Plymouth, qui le regardaient comme hérétique, il est probable qu’on eût davantage excusé ses tendances anabaptistes s’il n’avait préconisé une politique favorable aux Indiens, pour lesquels il éprouvait une sympathie profonde.

Pour comble, Williams déclara que nul être et nul pouvoir humains n’ont le droit d’intervenir en matière de conscience : c’était saper les bases du gouvernement théocratique et devenir un ennemi public pour les partisans du système politique du Massachusetts. La censure ecclésiastique ne suffisant pas à l’intimider, on prit contre lui des mesures d’expulsion.