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40 LA PÉUIODE COLONIALE (1607-1764)

de sa quantité. Mais, après tout, il est certain que le tableau que nous nous représentons du pasteur, lançant du haut de sa chaire de tonnantes et menaçantes périodes sur sa congrégation rigide et sombre et brûlant d’un feu intérieur, sur les enfants groupés au pied de la chaire, et le sacristain réveillant du bout de sa baguette unaudi-

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teur endormi, ce tableau sera toujours plus intéressant pour nous, modernes, que les volumes poussiéreux où cette éloquence et cette science défuntes sont précieusement ensevelis.

Dans tout le clergé du xvii’" siècle, une seule figure émerge qui ait pour nous quelque importance, la noble figure de Roger Williams, dont le nom suggère aussitôt « la pierre que ceux qui construisaient ont rejetée ». Un autre personnage, qui lutta pour le passé aussi résolument que Williams combattit pour Tavenir, Cotton Mather, reste pour nous plus qu’un simple nom, encore qu’on soit loin de l’estimer à sa juste valeur. A la seule exception de John Eliot, les autres « géants » du siècle regardés avec admiration par leurs contemporains, ne sont guère plus que des noms pour les xVméricains lettrés, et pas même des noms pour les Européens. Ce serait une tâche inopportune et futile que d’essayer de les faire revivre ; pourtant on peut donner un aperçu des travaux de quelques-uns d’entre eux, afin de mieux faire comprendre l’importance relative et les caractères généraux de l’œuvre littéraire de toute la « caste brahmanique ».

Lorsque mourut Thomas Ilooker, en 1647, il avait soixante et un ans ; il en avait passé quatorze en Nouvelle-Angleterre. Eloquent et zélé puritain, en Angleterre, il avait fui aux Pays-Bas pour échapper h Laud, avait passé trois ans à prêcher à Cambridge, Massachusetts, et dirigé l’exode de sa congrégation dans le