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LITTÉRATUBE RELIGIEUSE DANS LA NOUVELLE-AXGLETEURE 39

lèse fondé à Cambiidfre, rjràce aux libéralités du Rév. John Harvard.

La valeur littéraire de ces écrits n’est assurément pas très élevée. Les sermons et les traités théologiques, même quand ils sont l’œuvre de maîtres du style, occupent à peu près le même rang, par rapport à la prose littéraire prise dans l’ensemble, que les vers didactiques par rapport à la poésie en général. Aucun autre genre de compositions n’est aussi éphémère. Quand un auteur traitant de sujets religieux parvient à l’honneur d’être regardé comme un classi(jue, il est presque fatalement relégué dans les limbes lamentables des classiques qu’on ne lit jamais. En Angleterre même, les grands auteurs religieux du xvii* siècle, v compris Barrow et Tillotsou, sont presque oubliés aujourd’hui, à l’exception de Jeremy Taylor. Mais les écrivains religieux de la Nouvelle-Angleterre ne sont pas même mis au rang des classiques mort-nés, car bien que des hommes comme Thomas Hooker et Cotton puissent tenir tête à leurs coreligionnaires de la mère-patrie, l’isolement provincial finit par limiter singulièrement la célébrité de tous les écrivains des colonies américaines ; on peut en excepter Jonathan Edwards et Benjamin Franklin qui, au siècle suivant, représentèrent l’intellectualité coloniale sous ses deux aspects dominants, la religion et l’utilitarisme. Pourtant, sous le prétentieux savoir du clergé et sous la rudesse inculte des paroissiens, couvait une imagination ardente qui ne s’éteignit jamais complètement, comme le montre la ferveur militante des abolitionnistes et le zèle plus récent des « anti-impérialistes ». Le fait que cette imagination se soit employée à sauver des âmes plutôt qu’à sculpter des statues, écrire des drames et composer des poèmes, ne lui retire ni de sa qualité ni