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38 LA PÉRIODE COLONIALE (1607-17Gi)

pasteurs d’être réellement de puissants apôtres du Seigneur, capables de prier et de prêcher pendant des heures, de farouches censeurs de la perversité, des mentors pour les magistrats civils, des éducateurs naturels de la jeunesse, de zélés intermédiaires entre Dieu et leurs ouailles par les jeûnes et les supplications, chassant les démons, ennemis jurés des sorciers et des hérétiques — bref, des prophètes, des prêtres et des rois sans couronne parmi les congrégations des fidèles.

Faut-il, cependant, leur consacrer un chapitre dans une histoire de la littérature ? Il est peu probable qu’ils eussent nécessité une étude à part, s’ils étaient restés en Angleterre ; mais leur éloicrnement du monde civilisé stimula nécessairement leur activité littéraire. Ils avaient à donner de leurs nouvelles aux frères restés en Angleterre, et ils étaient obligés d’utiliser tous les moyens en leur pouvoir pour maintenir leur position dans la théocratie. De copieux et savants sermons, des traités théologiques et historiques leur donnaient du prestige parmi leurs paroissiens et si l’imprimerie, sur laquelle ils exerçaient la censure, devait travailler pour la gloire du Seigneur, c’était aux membres du clergé à lui donner de la besogne. De plus, entendre le sermon était, avec la lecture des Saints Livres, l’occupation prédominante de la vie des colons ; le service divin remplaçait pour eux les théâtres, les journaux, les conférences, les romans et même les discussions politiques. Le temple était le centre de la vie urbaine ; le ministre était le centre de l’église, et le sermon était pour le ministre le centre de ses travaux de la semaine. 11 n’est pas surprenant qu’une masse considérable d’écrits ait été laissée par les membres du clergé et par les élèves qu’ils formèrent au col-