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LIÏTÉUATURK IJELICIKUSE DANS LA NOUVELLE-ANGLETERItE 37

tains étaient ultra-protestants, c’est-à-dire ((u’ils suivaient hardiment les inspirations de leur propre esprit ; d’où roblit ;ati()n pour leurs ministres, s’ils voulaient les dominer, d’être de subtils logiciens cl de puissants raisonneurs. Les pasteurs et leurs troupeaux raisonnaient de même, assurément, et dans des limites qui nous apparaissent comme fort peu étendues ; si l’universalité des idées est indispensable à la grandeur, ils étaient loin d’être grands. Mais la vraie grandeur dépend plutôt des facultés naturelles, et des hommes aux idées étroites ont souvent lait preuve de puissance dans des tlomaines limités. Aucune classe de citoyens, aucune caste, à part peut-être les Français aux premiers souffles de leur ardeur révolutionnaire ou les Arabes sous Mahomet, n’ont été, autant que les Puritains de la Nouvelle-Angleterre et leurs pasteurs, de parfaits exemples de résistance et de force indomptable.

Ils s’étaient exilés pour ce qu’ils pensaient être la vérité, maloré toutes les erreurs dont elle était alors entachée, et pour leurs droits d’hommes, bien qu’ils fussent assez disposés à dénier ces droits aux autres. Retranchés du reste du monde, ils n’avaient d’autre ressource que de méditer sur leur isolement, qu’ils la considérassent ou non comme un sujet d’orgueil. La soulfrance et l’isolement développent inévitablement la force de caractère, et les descendants des Puritains devaient le reconnaître quand, dans la guerre civile, ils lurent, sur la question de l’esclavage, aux prises îivec les descendants des Cavaliers, La force et l’activité, au moins dans le domaine spirituel, étant ainsi les caractéristiques de la population de la Nouvelle-Angleterre qui, dans d’autres circonstances, aurait montré plus ou moins d’indolence, il s’ensuivit cette nécessité pour leurs