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386 LA PERIODE LOCALE (1830-1865)

ni Prescott n’ont l’élévation de Motley, provenant de son enthousiasme pour la liberté et de son choix d’un héros aux proportions vraiment nobles. L’indépendance religieuse et politique intéresse plus Motley que le sort des Hollandais, et si Parkman envisage lui aussi une phase de l’histoire de la liberté, cet aspect de son œuvre est moins vivant pour le lecteur. Parkman a probablement peint de plus jolis portraits, mais ceux de Motley, comme il sied à un historien affranchi de l’influence de Macaulay, semblent plus frappants et sont naturellement plus complexes. Les mouvements et les intrigues que retrace Motley sont plus subtils que ceux dont s’occupe Parkman qui, lui-même, y prend plus d’intérêt et les conduit mieux que Prescott. D’un autre côté, Motley et Parkman peuvent paraître trop prodigues de détails, et ce dernier se répète souvent dans ses descriptions d’attaques en forêt et de tortures indiennes. Prescott, moins diff’us, est peut-être supérieur à ses rivaux pour le pouvoir artistique, sinon pour la perfection scientifique et la profondeur philosophique. S’il avait été de quinze ou vingt ans plus jeune, il aurait pu leur inspirer une émulation fructueuse. Somme toute, le lecteur reconnaissant doit avoir des lauriers en abondance h leur distribuer à tous trois.

La transition de la science historique et littéraire à la critique est rendue particulièrement facile et toute naturelle en passant par George Ticknor (1791-1871). Sa fameuse History of Spanish Literature (1849) le rattache aux historiens cosmopolites ; sa biographie de Prescott (1864) l’en rapproche encore ; ses propres Life, Letters and Jounials (1876) ont depuis longtemps pris place parmi les œuvres les plus intéressantes en